Pourquoi l'Élysée écarte L. Rémont, le PDG d'EDF

Le PDG d’EDF, Luc Rémont, a été écarté par l’Élysée, à cause de désaccords sur le nucléaire.
Un peu de contexte : En 2022, alors que l’invasion de l'Ukraine perturbe les approvisionnements en gaz et provoque une crise de l’énergie en Europe, Luc Rémont prend la tête d’EDF. En juin 2023, l’État retire le groupe de la Bourse, devenant l’unique actionnaire. Rémont doit alors redresser la barre et relancer un programme de construction de réacteurs nucléaires.
Problèmes :
1 - À long terme : Depuis 15 ans, EDF est tenu par le dispositif Arenh, qui l’oblige à vendre une grande partie de son électricité à prix cassé. Ce système prend fin en 2025. EDF a donc promis de proposer aux industriels français des contrats de long terme, à prix compétitifs.
- Et là, ça coince. Face aux lentes négociations, L. Rémont a mis la pression sur les industriels : soit ils signent vite, soit EDF vendra son électricité au plus offrant, via enchères. Exit les deals réservés aux grands groupes français et l’électricité à prix cassé.
- Résultat : Le patron de Saint-Gobain, B. Bazin, dénonce un « bras d’honneur à toute l’industrie française » qui pourrait doubler la facture d’électricité.
2 - À court terme : Le second point de tension, c’est le financement du chantier des 6 nouveaux réacteurs EPR2, annoncé par E. Macron. Coût estimé : 100 milliards d’euros. Mais qui paie quoi ? L’État ? EDF ? Le débat est devenu électrique, d’autant que L. Rémont a annoncé des baisses d’investissements dans les EPR2.
En clair, deux visions s’opposent : pour l’Élysée, EDF est un service public chargé de garantir une électricité bon marché au service de la souveraineté énergétique et de la réindustrialisation. Pour L. Rémont, c’est une entreprise qui doit rester rentable et ne pas devenir un simple outil politique.
- Résultat : E. Macron a pris la décision de remplacer Rémont par Bernard Fontana, un profil "cost-killer" (qui a l'expérience sur les sujets de réduction de coûts) plus "industriel" qui dirigeait Framatome, une filiale d’EDF spécialisée dans la technologie des réacteurs (conception, maintenance).
Et maintenant ? Fontana a du pain sur la planche. Il doit boucler le devis des EPR2, tenir les délais, maîtriser les coûts et prouver au monde qu’en France, on peut encore construire des réacteurs. Le tout en renouant le dialogue avec les grands groupes français, comme Michelin ou Saint-Gobain.
Bref. Malgré tout, Rémont n’a pas démérité et a largement contribué au redressement de la production nucléaire en remettant EDF sur le chemin de la rentabilité.