Xi Jinping en pèlerinage
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Hier, le Président chinois Xi Jinping rendait visite au Roi Salman au Palais royal de Riyad, en Arabie Saoudite. C’était l’occasion pour les deux dirigeants de signer autant de papiers que chez le notaire.
Pourquoi on en parle ? Cette visite est la première de Xi au Royaume depuis 2016. Elle vise à harmoniser la stratégie de développement horizon 2030 de l’Arabie Saoudite avec celle de la Nouvelle Route de la Soie portée par la Chine. Mais cette rencontre fait aussi transpirer les politiques américains qui voient leur alliée, l’Arabie Saoudite, voler petit à petit de ses propres ailes.
Une relation (al)chimique
Ils ont donc signé une multitude d’accords couvrant l’énergie à hydrogène, l’énergie solaire, l’immobilier, des investissements divers dans les deux sens ainsi que la star du moment : le pétrole.
En 2021, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint les 87,3 milliards de dollars, soit 30% de plus qu’en 2020. Et le pétrole représentait à lui seul près de la moitié (43,9 milliards), évidemment… Vous l’aurez compris, la deuxième puissance mondiale est aussi le plus grand importateur de pétrole au monde : 72% de sa consommation provient de l’étranger.
Vive le Yuan
Les deux pays seraient en cours de négociation pour réaliser, au moins en partie, leurs transactions dans la monnaie chinoise. Le but de cette opération séduction menée par Xi vise à booster le yuan pour renforcer son influence au niveau international. Et un tel switch se ferait au détriment du dollar américain.
Problème : l’Arabie Saoudite romprait l’accord avec les Etats-Unis qui l’oblige à vendre son pétrole en dollars américain contre une garantie de sécurité. Ces discussions émergent peu de temps après le refus du Royaume d’augmenter sa production de pétrole pour limiter la flambée des prix en Occident. Et ce refus perçu par Washington comme un alignement avec la Russie, l’un des BFF de la Chine.
Le triangle amoureux
Les Américains ont froncé les sourcils comme un ex un peu jaloux en voyant la bromance entre Xi et le roi MBS. L’administration Biden voit ces nouveaux accords comme une provocation puisque sa relation avec la Chine permet à l’Arabie Saoudite d’avoir un levier de négociation. D’autant plus que le nouveau partenaire et les Etats-Unis alimentent depuis un moment une rivalité féroce.
Bref : Le président chinois Xi Jinping a annoncé une « nouvelle ère » dans les relations entre Pékin et le Golfe. Et on peut imaginer que les deux nouveaux amis ont passé un bon moment. Personne ne risquait de parler de Ouïghours ou de Taiwan à Xi Jinping, ni de journaliste assassiné ou de Yémen au roi Salman.