Amélie de Montchalin n'écarte pas la suppression de l'abattement fiscal pour les retraités, une mesure qui existe depuis 1977

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Publié le
21/4/2025

A. de Montchalin, ministre des Comptes publics, a fait trembler toute une génération : elle envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités.

Pourquoi on en parle ? Ce débat touche à un tabou français : le statut particulier des retraités dans la politique sociale et fiscale. Depuis des décennies, leur pouvoir d’achat est globalement préservé, souvent au détriment des actifs.

Contexte : Maintenir l’objectif de déficit de 4,6 % du PIB en 2026 “va demander un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros”. Pour y arriver, A. de Montchalin a annoncé la couleur la semaine dernière en déclarant que supprimer 10% des “467 niches fiscales” pourrait permettre de rapporter 8 milliards d’euros par an.  

  • Rappel : Une niche fiscale, c’est un avantage accordé par l’État qui permet de réduire les impôts pour encourager certains comportements (investissement, emploi…) ou rétablir une justice sociale.

Dansles faits : En place depuis 1977, l’abattement fiscal en question permet aux retraités de déduire 10 % de leurs pensions de leur revenu imposable et sert à atténuer le choc fiscal du départ à la retraite. Le dispositif coûte aujourd’hui près de 5 milliards d’euros par an à l’État et bénéficie à 14,9 millions de ménages.

Problème : Classée parmi les trois niches fiscales les plus coûteuses, cette aide profite surtout aux 10 % des retraités les plus riches, qui peuvent toucher jusqu’à 1 855 euros par an selon la Cour des comptes. Une inégalité d’autant plus critiquée que les retraités sont aujourd’hui, en moyenne, plus aisés que les actifs.

Un peu de recul. Le gouvernement veut supprimer une cinquantaine de niches fiscales, mais attention… En clair, chaque niche a ses lobbies, ses défenseurs, son impact social ou économique. Et politiquement, remettre en cause une niche, c’est se faire des ennemis. En l’absence de majorité solide à l’Assemblée, ça pourrait compliquer les choses.

  • Le MEDEF (syndicat patronal) milite pour la suppression, la CFDT se montre ouverte, en échange d’une réforme équitable et la CGT, FO et d’autres syndicats font bloc pour le conserver.

Bref. Le gouvernement semble être prêt à tout pour trouver ses 40 milliards d’euros d’économies, et en supprimant cet abattement, le message serait clair : le critère de l’âge ne suffit plus, c’est le niveau de vie qui prime. Le projet pourrait figurer dans le budget 2026, mais encore faut-il convaincre l’opinion publique.