"Sell America" : Donald Trump commence à sentir la pression des marchés financiers

À Wall Street, le mot d’ordre "Sell America" gagne du terrain : face aux incertitudes douanières, les investisseurs se détournent de la première économie mondiale.
Dans les faits : L’Amérique attire historiquement près de 2 000 milliards de dollars par an d’investissements étrangers (actions, obligations, etc.), une tendance qui s’explique par la confiance historique accordée aux États-Unis. Et depuis le Covid, les investissements étrangers aux États-Unis ont presque doublé pour atteindre 41 % aujourd’hui.
- Mais les investisseurs semblent désormais changer de mood, ce qui fait vaciller les marchés américains et le dollar, sur lesquels reposent… l’économie mondiale.
Pour cause, les droits de douane de D. Trump, qui visaient à renforcer l’économie américaine, semblent avoir déclenché l’effet inverse et malgré le gel annoncé par le président, le mal semble être fait : les investisseurs étrangers, qui perdent confiance dans l'économie américaine, se retirent massivement des USA pour se tourner vers leurs propres marchés.
Résultat : Les analystes parlent désormais d’une crise de confiance envers le dollar qui a fait émerger un sentiment “Sell America” aux signes concrets :
- Le coût d’emprunt des USA est passé de 4 à 4,5 % en une semaine, du jamais vu depuis 1982 et le dollar a atteint son plus bas niveau depuis 3 ans face à l’euro vendredi alors que les droits de douane auraient dû, en théorie, faire augmenter sa valeur. En clair, les investisseurs se débarrassent de leurs dollars, et des obligations américaines.
Un peu de recul. Quand l’actif le plus sûr du monde vacille, c’est tout l’équilibre financier global qui est en jeu. Selon Bloomberg, cette situation marque la plus forte sous-performance des bons du Trésor par rapport aux obligations allemandes depuis au moins 1989.
Et maintenant ? D’un côté, D. Trump commence à douter : après avoir annoncé l’exclusion des smartphones et des ordinateurs des droits de douane vendredi, D. Trump a démenti l’info hier soir, et a encore créé la confusion. De l’autre, Pékin a suspendu les exportations de certains minerais rares, essentiels pour l'industrie auto, les semi-conducteurs et l’aérospatiale. En clair, ils sont prêts à en découdre.
Bref. Est-ce définitif ? Il est trop tôt pour le dire. Mais une chose est sûre, la foi n’y est plus : la confiance des consommateurs américains a encore chuté en avril, et les anticipations d’inflation ont atteint leur plus haut niveau depuis 1981. Le PDG de BlackRock, Larry Fink, a répété vendredi que le pays était peut-être déjà en récession.