États-Unis vs Chine : qui craquera en premier ?

Claudine Hellmuth/Politico
Publié le
11/4/2025

Les marchés ont très bien accueilli la pause de 90 jours des tarifs douaniers de D. Trump. l'UE a même annoncé suspendre sa riposte pour mieux négocier avec D. Trump.

Problème : Seule exclue des réjouissances : la Chine, qui se retrouve avec non pas 125%, mais bien 145 % de droits de douane.

Dans les faits : La taxe de 125 % s'ajoute à une précédente taxe de 20 % imposée en mars dernier, notamment en lien avec l’implication présumée de la Chine dans le trafic de fentanyl. Malgré tout, la Chine semble persuadée de pouvoir remporter la guerre commerciale, et tous les regards sont désormais tournés vers elle.

Concrètement, Pékin a l'avantage : en 2024, les États-Unis ont importé pour 440 milliards de dollars de biens chinois, majoritairement de consommation (dont des smartphones), alors que la Chine n’a importé que 143 milliards, principalement en matières premières, dont la hausse des prix impacte moins le consommateur final.

  • Depuis la guerre commerciale de 2018, la Chine diversifie ses échanges pour moins dépendre des USA. Entre 2018 et 2022, la Chine a augmenté de 45% ses importations brésiliennes de soja, quand les importations américaines ont baissé de 38%.

  • Oui, l’économie chinoise est au ralenti face à la déflation et une baisse de la consommation intérieure, mais pas dit qu’elle craque pour autant.

Surtout, côté américain, des difficultés pourraient apparaître. Selon Bloomberg, Amazon aurait annulé des commandes de stocks auprès de fournisseurs chinois : Noël risque d’être beaucoup moins gai (et beaucoup + cher) quand 87% des décos américaines sont made in China. Ils pourraient alors délocaliser leur production dans les pays voisins, mais c’est long et coûteux.

Un peu de recul. Cette stratégie pourrait faire mal alors qu’ils vivent leur pire situation financière depuis mai 2020, selon Bloomberg. La pause sur les tarifs réciproques ne sera peut-être pas suffisante pour pallier les dégâts. Les taxes s’élèvent toujours à 10%, voire + pour certains secteurs comme l’automobile à 25%, et cette pause n’est par définition que temporaire.

Bref. Côté marchés, ça tient pour l’instant en Chine : le gouvernement a fait appel à des fonds publics et banques étatiques pour acheter des actions et soutenir le cours. Aux États-Unis, malgré les hausses records liées à l’espoir de la pause annoncée par D. Trump, les investisseurs sont loin d’être rassurés avec une nouvelle chute des indices américains ce jeudi.