Volkswagen envisage de fermer des usines en Allemagne pour la première fois de son histoire

Volkswagen
Publié le
3/9/2024

C’est la question à ne pas poser aux employés allemands de Volkswagen (VW) en ce moment : face à la « situation extrêmement tendue », le constructeur envisage de fermer des usines en Allemagne.

Pourquoi on en parle ? C’est un tournant majeur pour le premier constructeur européen, symbole de la « deutsch qualität », puisqu’il n’a jamais fermé de site de production sur le sol allemand en 87 ans d’existence.

Dans les faits : Un plan de réduction de coûts a été lancé l’an dernier mais ça ne suffit pas. VW prépare donc un plan de restructuration, et cette mesure fait partie d’une stratégie plus large qui vise à réduire les coûts et augmenter la rentabilité.

  • « Volkswagen perd de plus en plus de terrain en termes de compétitivité […] et doit maintenant agir de manière décisive » alors que « l’industrie automobile européenne se trouve dans une situation très exigeante et grave » a déclaré le PDG O. Blume dans un document interne transmis à l’AFP.

Comment en est-on arrivé là ? La rentabilité de VW souffre de l’augmentation des coûts logistiques, énergétiques et salariaux, combinée à une transition vers l’électrique bien plus lente et coûteuse que prévue. Plus que tout, VW perd du terrain en Chine, son plus grand marché, où ses concurrents locaux (BYD, Nio, Chery…) dominent le secteur des véhicules électriques.

Résultat : La marge bénéficiaire de VW est donc tombée à 2,3 % au premier semestre 2024, contre 3,8 % l’an dernier. Avec tout ça, Volkswagen a perdu un tiers de sa valeur en Bourse ces cinq dernières années, soit la pire performance parmi les principaux constructeurs européens cotés. Et pour ne rien arranger, les concurrents chinois arrivent progressivement en Europe et VW craint déjà la défaite à domicile.

Et maintenant ? Le groupe est sur le point d’engager une guerre contre les syndicats les plus puissants du monde. En plus de l’annonce qui en a fait transpirer plus d’un, VW a aussi annoncé la fin de son programme de sécurité de l’emploi en vigueur depuis 1994. Ce programme empêchait toutes suppressions de postes jusqu’en 2029.

Problème : La moitié des sièges du conseil de surveillance de VW est occupée par des syndicalistes, et le Land de Basse-Saxe, qui détient 20% du capital, se range souvent de leur côté. En clair, la direction doit obtenir le soutien de la famille Porsche-Piëch et des syndicats pour prendre les décisions importantes, d’autant que cette gouvernance unique fait partie de l’ADN du groupe.

  • Et de nombreux soldats sont tombés en menant la bataille : l’ancien PDG B. Pischetsrieder, l’ancien directeur de la marque W. Bernhard et H. Diess, le prédécesseur de Blume au poste de PDG, ont tous les trois été remerciés après avoir tenté de réaliser des gains d’efficacité, en particulier dans les activités nationales de VW en Allemagne.

Bref. Mettre en place des mesures drastiques chez VW est presque aussi difficile que de convaincre le groupe Oasis de se reformer. Au-delà de VW, cette guerre risque de faire mauvaise presse et d’aggraver la situation économique de l’Allemagne. Les entreprises industrielles, de VW aux fabricants de produits chimiques menés par BASF SE, freinent par exemple leurs investissements dans le pays à cause de la bureaucratie pesante et des coûts élevés.