La consommation mondiale de vin au plus bas depuis 1961, et les producteurs n'avaient pas besoin de ça

La consommation mondiale de vin est au plus bas depuis 1961, alerte l’Organisation internationale du vin (OIV). Rien qu’en France, la consommation a diminué de 3,6% en 2024, une très mauvaise nouvelle pour le secteur qui titube déjà.
Pourquoi on en parle ? Les vins et spiritueux sont le 3ème excédent commercial de la France (on en exporte + qu’on en achète) avec 15,6 milliards d’euros d’exportations en 2024. Mais le secteur est menacé par une baisse de la demande et de la production. Sans parler de la menace des droits de douane de D. Trump.
Comment on en est arrivé là ?
1. La baisse de la consommation mondiale : on parle de -12% depuis 2018, notamment avec un fort recul des ventes en Chine où la conso baisse de 15% en moyenne chaque année. La consommation des USA (1er marché de l'Europe) a, elle, baissé de ≈ 6% en 1 an.
2. Les prix, eux, ont augmenté : +30% en moyenne ces 5 dernières années, notamment à cause de faibles volumes de production liés à de mauvaises conditions météo.
En France, la production a même baissé de 23% en 2024 - elle n’est donc plus le 1er producteur mondial avec ses 36 millions d’hectolitres produits l'an dernier, mais 2ème derrière l’Italie, plus épargnée par la météo.
Résultat : les géants français du secteur voient rouge. Pernod Ricard, n°1 français et 2 mondial, a annoncé pour le 1er semestre 2024-25 un bénéfice net de 1,19 milliard, soit -24% sur un an. En cause, une baisse de 25% de ses ventes en Chine, liée aux taxes antidumping qui montent jusqu’à 39% sur les cognacs français.
- Pour rappel, D. Trump menaçait aussi de taxer l’alcool européen à 200% si l’UE ne levait pas ses taxes sur le whisky américain. Il a finalement déclaré une trêve de 90 jours avec des droits de douane à 10%, ce qui reste très loin des 0,8 à 2% en vigueur avant.
Un peu de recul. Oui, on consomme moins, mais on consomme mieux. En 2024, les exportations de vin sont 5% sous la moyenne des 5 dernières années. Mais elles représentent quand même ≈ 36 milliards d'euros, grâce à un prix moyen de 3,60 euros par litre, le même niveau record qu'en 2023, ce qui permet de compenser la perte de volume pour l'instant.
Bref. Loin d’être défaitiste, l’OIV s’attend à une baisse des prix qui devrait relancer la consommation en 2025 - 2026. La situation n'est pas inédite : les exportations de vin français avaient déjà baissé entre 2007 et 2009, avant de repartir à la hausse jusqu'en 2012, suivies d'une nouvelle baisse en 2016... En clair, le vin ne marche pas droit.