Vivendi va se séparer en quatre entités distinctes cotées en Bourse
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C’est confirmé : Vivendi va se séparer en quatre entités distinctes cotées en Bourse, et elles ne le seront pas toutes à Paris.
Pourquoi on en parle ? Cette opération, qui traîne depuis quelques mois maintenant, est très attendue par les investisseurs qui pourront enfin investir dans des entreprises individuellement plutôt que dans le conglomérat.
Flashback : Le projet de scission de Vivendi, groupe dirigé par V. Bolloré depuis 2014, en quatre entités, avait été annoncé en décembre 2023, puis validé par le conseil de surveillance fin janvier, mais le plan n’avait pas encore été confirmé.
Dans les faits : Vivendi, la maison mère resterait cotée à Paris, poursuivrait ses activités dans les jeux vidéo avec Gameloft, et gérerait un portefeuille de participations qui inclut Universal Music Group. Elle fournirait aussi des services aux trois autres entités et garderait sa part minoritaire dans Lagardère, qu’elle peut acheter en utilisant les droits acquis lors de l’offre publique de 2022.
Dans le détail :
- Canal+ : Avec près de 2/3 des abonnés hors de France, l’entreprise serait cotée à Londres pour attirer les investisseurs étrangers mais resterait « domiciliée et fiscalisée » en France. L’offre d’achat faite sur son concurrent sud-africain MultiChoice pourrait aussi mener à une cotation à Johannesburg.
- Havas : Le mastodonte de la com’ serait coté à Amsterdam, souvent vue comme plus internationale et neutre comparée à Paris, mais « résident fiscal français ».
- Hachette : La nouvelle société, Louis Hachette Group, regrouperait les actifs éditoriaux et de distribution de Vivendi, soit les 63,5% de Lagardère et 100% de Prisma Media. Elle serait cotée à Paris tout comme Lagardère.
L’objectif de Vivendi est double :
- Supprimer la décote de conglomérat : Les marchés préfèrent les entreprises spécialisées, perçues comme plus concentrées et efficaces, alors que les conglomérats sont souvent jugés moins transparents et moins performants. La décote sur Vivendi serait de 45% selon Barclays.
- Mieux répartir la dette : Après la scission, Canal+ et Havas devraient avoir une dette nette quasi nulle sauf en cas de succès de l’OPA sur MultiChoice pour Canal+. Hachette aura ≈ 2 milliards d’euros de dette liée à Lagardère, refinancée récemment et la dette nette de Vivendi sera de 1,5-2 milliards.
Un peu de recul : Cette scission illustre la tendance croissante des entreprises à quitter la Bourse de Paris, comme l’a suggéré Total qui reste pour l’instant en France. Cette tendance profite à Londres qui est redevenue la place financière la plus attractive d’Europe, avec 40% des investisseurs la plaçant en tête selon le baromètre d’EY.
- La City de Londres simplifie ses règles de cotation pour renforcer son attractivité, ce qui complique la situation pour Paris, qui souffre déjà.
Bref. Le projet va impliquer quelques petites discussions avec les autorités fiscales et réglementaires, notamment en matière boursière, avant une possible assemblée générale extraordinaire en décembre 2024. Pour se concrétiser, il faudra l’approbation des deux tiers des actionnaires.