UniCredit a augmenté sa participation de 9 à 21 % dans Commerzbank
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UniCredit, le géant bancaire italien, a augmenté sa participation de 9 à 21 % dans Commerzbank, deuxième banque d’Allemagne, et veut même atteindre les 29,9 %.
Pourquoi on en parle ? Commerzbank est un pilier de l’économie allemande. Elle joue notamment un rôle crucial dans le financement du Mittelstand, le tissu de PME en Allemagne, qui représente 99 % des entreprises du pays. De son côté, UniCredit travaille sans relâche depuis plus de 20 ans à la création d’un énorme réseau bancaire européen.
Un peu de contexte : Le 11 septembre dernier, le groupe bancaire UniCredit a lâché une bombe en annonçant le rachat de 9 % des parts de la banque allemande Commerzbank pour environ 1,4 milliard d’euros, et a exprimé son envie d’aller encore plus loin dans la relation avec potentiellement une fusion.
- Nom ? Credit, UniCredit. 4,5 % des parts ont été achetées directement à l’État allemand via des enchères ouvertes, pour 702 millions d’euros, et l’autre moitié sur les marchés financiers. Et toute l’opération s’est faite dans le plus grand secret sans que le gouvernement allemand ne voit le coup venir.
- Résultat : l’action de Commerzbank a gagné plus de 17 % et celle d’UniCredit a pris 1,6 % depuis le 11 septembre.
Problème : L’État allemand, actionnaire de Commerzbank à hauteur de 12 %, n’est pas emballé à l’idée de fusionner avec UniCredit : la banque est un “institut stable et rentable” et sa “stratégie est orientée vers l’indépendance” selon lui. Le gouvernement a donc mis fin à la vente des actions Commerzbank pour empêcher toute fusion éventuelle. Parce qu’on n’est pas dans DragonBall ici.
Un peu de recul : Dans une interview donnée à Bloomberg en mai, E. Macron prônait une transformation du modèle économique du vieux continent en déclarant être ouvert au rachat d’une banque française par un rival européen. C’est ce qu’on appelle la consolidation bancaire, une approche inédite dans un secteur européen fragmenté.
- Points positifs : La création de mastodontes bancaires européens permet de consolider le secteur, avec des banques plus solides et capables de toujours plus jouer dans la cour des grands.
- Points négatifs : Le manque de concurrence sur le marché pourrait affaiblir les plus petites banques et entraîner des licenciements.
Plus encore : En Allemagne, on a peur qu’une fusion avec UniCredit mène à des licenciements massifs comme lorsque le groupe avait racheté une autre banque allemande, HypoVereinsbank, en 2005, avec plus de 9 000 départs prévus. On redoute aussi de confier le financement de la politique industrielle allemande à des mains italiennes, puisque comme on le disait, Commerzbank est décisive dans le financement de plus de 99 % des entreprises du pays.
Bref. Andrea Orcel, PDG d’UniCredit, maintient que “l’Europe, et l’Allemagne aussi, ont besoin de banques plus fortes”, mais Berlin, qui détient encore 12 % de Commerzbank, aura toujours son mot à dire avant une éventuelle fusion. Si UniCredit décide de passer en force, on va vers l’incident diplomatique puisque “Les attaques et les prises de contrôles agressives ne sont pas une bonne chose pour les banques” a rappelé Olaf Scholz, le chancelier allemand. Alors pour l’instant, c’est ciao UniCredit.