Une décision de justice européenne révolutionne les règles du mercato
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Un arrêt publié vendredi par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) sur l’affaire Lassana Diarra a fait transpirer le monde du football professionnel puisqu’il pourrait tout simplement bouleverser le football professionnel.
Flashback : Tout a commencé en 2014 avec L. Diarra, ex-international français en désaccord avec le Lokomotiv Moscou qui voulait réduire son salaire. Le différend mène à une rupture de contrat, et Moscou a réclamé une compensation de 20 millions d’euros.
- Problème : Après avoir envisagé son recrutement suite à l’incident, le club belge de Charleroi, avait finalement renoncé par crainte d’avoir à assumer une partie de ces pénalités comme l’exigeait la Fifa dans son règlement.
- Résultat : Cet épisode pousse Diarra à saisir la justice belge, avec le soutien des syndicats de joueurs, et à porter l’affaire à la CJUE ensuite.
Aujourd’hui, 10 ans plus tard, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a estimé que les règles de la Fédération internationale de football (FIFA) encadrant les transferts entre clubs étaient « contraires » au droit de l’Union européenne et de « nature à entraver la libre circulation » des footballeurs professionnels. En clair, les règles pourraient être modifiées et donc permettre aux joueurs de rompre.
Pourquoi ? Une fois le contrat signé avec un joueur, le club fixe arbitrairement des clauses libératoires exorbitantes pour dissuader les transferts, ce qui bloque certains jeunes espoirs dans leur club. Mais avec cette décision, les clubs ne pourront plus fixer arbitrairement des montants exorbitants.
Problème : Le modèle économique des nombreux clubs repose en grande partie sur ces transferts XXL puisque les indemnités servent à compenser les clubs formateurs. En clair, lors d’un transfert international, 5 % de l’indemnité totale est redistribuée aux clubs qui ont formé le joueur entre 12 et 23 ans. Le changement pourrait donc être majeur pour certains clubs qui sont déjà plutôt mal en point.
Un peu de recul : Certains y voient un pas de plus vers la création de ligues privées ou de la fameuse puisque cet arrêt augmente les incertitudes financières pour les clubs, et renforce l’attrait de championnats fermés, où les revenus seraient plus stables et prévisibles. D’ailleurs, la CJUE a déjà indiqué que ces projets pourraient être compatibles avec le droit européen, ce qui pourrait accélérer les débats.
Bref. C’est tendu pour les clubs, mais cette décision pourrait favoriser les agents et les joueurs, en rendant le marché plus ouvert et en limitant les abus de clauses. Les stars comme K. Mbappé, souvent protégé par des accords entre toutes les parties (vendeur, acheteur, joueur), devraient rester relativement épargnées. De son côté, la Fifa s’est dit “satisfaite” de l’arrêt, mais a tout de même relevé qu’il ne concernait que certains articles. En clair, les règles pourraient être modifiées, mais rien n’est encore sûr. Affaire à suivre…