Un tacle glissé signé Opep+

Publié le
6/10/2022

Pour la première fois depuis deux ans, l’Opep+ s’apprête à réduire drastiquement sa production de pétrole : – 2 millions de barils par jour pour le mois de novembre, et la nouvelle risque de ne pas améliorer l’état de santé de notre cher Joe Biden…

Rappel : l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, plus connue sous l’acronyme Opep ou Opec en anglais, a pour but d’assurer la stabilité (et l’approvisionnement) du marché du pétrole.

Moins d’or noir, et donc ?

L’organisation va réduire sa production de pétrole, ce qui poussera les prix à la hausse. Au total, la réduction équivaut à environ 2% de la demande mondiale, et la décision est loin de faire l’unanimité du côté de Washington.

Biden a certes parlé de l’impact négatif de la hausse des prix sur les pays en développement, mais il craint surtout des retombées négatives à quelques semaines des élections de mi-mandat. La flambée des prix pourrait nuire au pouvoir d’achat des Américains, mais aussi forcer la banque centrale américaine à remonter les taux à cause de l’inflation, entraînant le pays vers le côté obscur de la force : la récession.

L’empire du pétrole contre-attaque

Oncle Joe aura tout tenté : quelques mois après avoir traité le prince héritier MBS de “tueur”, il s’est rendu en Arabie saoudite dans le but de le convaincre d’augmenter la production de pétrole. Pendant ce temps, les membres de l’administration Biden faisaient pression sur les politiques du Koweït, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis (EAU) pour la même raison.

Et malgré tout ça, Biden n’aura pas réussi à convaincre l’OPEP et ses alliés, qui contrôlent plus de 40% de la production mondiale de pétrole, de marcher dans son sens. Mais, bien que la Maison blanche ait décrit ce scénario de “désastre total”, les Etats-Unis pourraient s’en sortir. Comment ?

Alerte à la dépendance

Premièrement, les Etats-Unis vont devoir réduire leur dépendance aux énergies fossiles, ce qu’ils ont déjà commencé à faire. Et deuxièmement, l’impact de la décision pourrait être réduit grâce à l’incapacité de nombreux petits producteurs de l’OPEP à atteindre les objectifs de production précédents. Rystad Energy estime que le marché mondial du pétrole sera “surapprovisionné” d’ici la fin de l’année, atténuant l’effet des réductions de production sur les prix.

Bref : alors que la crise de l’énergie s’empire un peu plus chaque jour, l’Opep a finalement décidé de se la jouer perso en plus de faire une passe décisive à la Russie. Et l’Arabie Saoudite, leader de l’organisation, n’a pas condamné les agissements de la Russie en Ukraine. Simple rappel. La guerre d’influence entre Washington et les membres phares de l’Opep ne fait que commencer.