Ukraine : Comment l'Europe peut-elle répondre à D. Trump ?

O. Scholz/X
Publié le
17/2/2025

Après le retournement de veste des États-Unis, E. Macron a réuni les principaux chefs d’État européens à Paris hier pour bâtir une nouvelle stratégie.

Un peu de contexte : D. Trump veut régler le conflit en Ukraine sans demander l’avis de l’UE, et en ne protégeant pas les intérêts de l’Ukraine (selon son président). Des hauts responsables russes et américains se rencontreront d’ailleurs aujourd’hui en Arabie Saoudite pour tenter de rétablir les relations entre Moscou et Washington. Le président ukrainien V. Zelensky a annoncé qu’il s’y rendrait le lendemain.

Problème : Concrètement, Trump veut se retirer de l’aide à l’Ukraine, forçant l’UE à prendre la relève pour éviter l’humiliation. Le montant de l’enveloppe : 3 100 milliards de dollars sur la prochaine décennie selon Bloomberg.

  • Mais si l’Europe finance ce plan par la dette, les cinq plus grandes puissances du continent verraient leur endettement exploser, donc d’autres options ont été mises sur la table à l’occasion de ce mini sommet.

Le déploiement de troupes. Le Royaume-Uni se dit prêt, mais l’Allemagne, la Pologne et l’Espagne ne sont pas emballés. Beaucoup redoutent une escalade du conflit.

Un réveil de la Défense. Après 80 ans de dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis dans le cadre de l’OTAN, l’Europe pourrait être contrainte d’assumer enfin sa propre défense. Mais de nouveau, se pose la question du financement, et plusieurs options sont sur la table :

  • Assouplir le plafond d’endettement des États imposés par l’UE.

  • Réorienter les fonds existants, comme ceux du plan de relance post-Covid.

  • Créer un mécanisme de financement commun.

  • Mobiliser la saisie des 300 milliards d’actifs russes gelés, mais Berlin reste réticent.

Un peu de recul. Au-delà du financement, le vrai enjeu est de savoir si l’UE saura dépasser ses divisions. Avant même de commencer, les tensions émergent : la Slovénie critique une réunion restreinte à quelques pays, quand le Luxembourg plaide pour une approche à 27.

Bref. L’anticipation d’une hausse des dépenses militaires a fait grimper les actions de l’armement (Rheinmetall +13 %, Saab +16 %) et monter les taux obligataires allemands et français puisque les États vont sans doute emprunter en émettant de nouvelles obligations. L’euro, lui, a légèrement reculé face aux incertitudes.