Stellantis s’est effondré en Bourse de près de 15 % après une révision à la baisse de ses objectif

Stellantis
Publié le
30/9/2024

Le géant de l’automobile Stellantis s’est effondré en Bourse de près de 15 %.



Pourquoi on en parle ? Stellantis, c’est un mastodonte du secteur auto qui regroupe 14 marques dont Fiat, Opel, ou encore Peugeot. En clair, si Stellantis va mal, c’est tout un secteur qui va mal.
 


Dans les faits : C’est la routine dans le secteur, Stellantis a revu ses objectifs annuels à la baisse. Concrètement, le groupe prévoit désormais une baisse de sa marge opérationnelle de 7 % à 5,5 % pour 2024. Pourquoi ?

  • Les ventes en Amérique du Nord, un marché clé pour Stellantis, devraient chuter de 200 000 véhicules au second semestre 2024, soit le double de ce qui était prévu initialement. D’autres régions connaissent également une baisse des ventes, aggravant la situation.

  • Côté flux de trésorerie disponible (Free Cash-Flow), l’entreprise anticipe un solde négatif compris entre 5 et 10 milliards d’euros. Le FCF, qui est l’argent restant après les dépenses opérationnelles et d’investissement, permet de financer des projets sans emprunt. Un FCF en baisse signifie que l’entreprise devra sans doute se financer à l’externe, et ça ne rassure pas…

À noter : Stellantis est loin d’être seul. Aston Martin a subi une chute de 20 % à la bourse de Londres, et Volkswagen a revu à la baisse ses prévisions de ventes, de 9,24 millions à 9 millions de véhicules pour 2024. C’est la deuxième fois en trois mois que VW annonce une baisse de profit anticipé. Mercedes-Benz et BMW ont aussi tiré la sonnette d’alarme au début du mois. Dans l’ensemble, la croissance de la production mondiale ralentit. En 2024, elle n’atteindra que 0,8 %, un coup dur pour l’industrie.

Un peu de recul : Il y a les raisons classiques qui expliquent cette baisse (inflation, concurrence chinoise, etc. ), mais il y a un sujet propre à Stellantis : sommes-nous arrivés au bout du modèle Tavares (PDG de Stellantis) fondé sur une réduction drastique des coûts ? Pour rappel, Stellantis est connu pour ses marges stratosphériques générées notamment grâce à des réductions de coûts.

Problème : C. Tavares a reconnu trois erreurs majeures aux États-Unis : des dysfonctionnements dans les usines, des stocks excessifs et des campagnes marketing ratées. Et ces problèmes n’avaient pas été anticipés à temps.

Plus encore : Sa gestion fait grincer des dents à cause du manque d’investissements pour renouveler les gammes et la pression sur les fournisseurs qui nourrissent les critiques. Des représentants syndicaux pointent du doigt une politique de rentabilité à court terme qui néglige l’avenir. La gestion de crise de Carlos Tavares, perçue comme conflictuelle, est aussi remise en question.

Et maintenant ? De son côté, C. Tavares estime que l’industrie automobile entre dans une « période darwinienne ». Concrètement, il sous-entend de futurs rapprochements stratégiques entre groupes, des rachats, voire des faillites. Pour lui, seules les entreprises capables de réaliser des économies d’échelle pourront survivre. En clair, les petits constructeurs risquent de ne pas faire le poids.
 


Bref. Jusqu’ici, malgré les chutes des ventes, les constructeurs avaient réussi à maintenir leurs bénéfices en privilégiant la production de véhicules plus rentables, comme les modèles premium ou électriques. Mais cette stratégie ne suffit plus. Les marges se réduisent, et les défis se multiplient, ce qui laisse donc potentiellement la place à la naissance d’une « période darwinienne ». Affaire à suivre…