Proxima est le 1er concurrent privé du monopole de la SNCF à trouver suffisamment de fonds pour tester son offre

Alstom
Publié le
6/6/2024

Alors que les retards et les grèves s’accumulent à la SNCF, Proxima fonce comme Lucky Luke à la conquête de l’Ouest.

Pourquoi on en parle ? C’est historique puisque Proxima est le 1er concurrent privé du monopole de la SNCF (dont l’Etat est actionnaire à 100%) à trouver suffisamment de fonds pour tester son offre.

Contexte : Depuis l’ouverture à la concurrence du rail en décembre 2020, la SNCF ne compte que deux : Renfe et Trenitalia, deux entreprises publiques. Les autres projets privés ont floppé en partie à cause des coûts trop importants (RIP Midnight Trains dans les trains de nuit et Railcoop sur la transversale Bordeaux-Lyon).

Dans les faits : Rachel Picard, ancienne dirigeante à la SNCF, veut créer « la première compagnie indépendante de trains à grande vitesse ». Et pour ça, elle s’appuie sur le fonds d’investissement Antin Infrastructure Partners, connu dans le milieu pour avoir investi dans 4 autres projets ferroviaires et qui prévoit d’injecter 1 milliard d’euros dans Proxima dont 500 millions pour acheter 12 TGV à Alstom.

Dans le détail : Proxima prévoit de desservir quatre destinations (Bordeaux, Rennes, Angers et Nantes) depuis Paris Montparnasse à partir de 2027. Selon R. Picard, « la façade Atlantique est plébiscitée, beaucoup de gens sont à quai faute de place » et elle prévoit donc 10 millions de voyageurs par an. En clair, leur proposition de valeur est simple : des prix compétitifs sur des lignes surbookées chez la SNCF.

Problème : Plus d’un tiers du prix du billet est reversé aux gestionnaires d’infrastructure et ce péage coûte plus cher que la moyenne à l’Ouest. Pour être rentable, Proxima devra réussir à remplir ses trains en proposant des prix compétitifs tout en maîtrisant ses coûts, une équation complexe…

  • L’entreprise mise donc sur « la conscience écologique » pour remplir les nouvelles rames d’Alstom capables d’accueillir plus de voyageurs, moins gourmandes en énergie et moins chères à exploiter.

Plus encore : Tout comme la SNCF qui devait recevoir ses 115 rames fin 2023, l’entreprise risque de ne pas voir la couleur des siennes avant 2027 puisque Alstom a encore plus de retard que la SNCF. Pour ne rien arranger, les tests pour obtenir le droit de rouler sur les rails français qui risquent aussi de prendre du temps.

Un peu de recul : La SNCF, qui a coûté 20 milliards aux contribuables en 2022, pourrait en prendre un coup. En clair, si les nouveaux concurrents low-cost raflent les lignes lucratives et ne laissent à la SNCF que les miettes, soit les lignes qu’elle est obligée d’opérer en tant qu’entreprise publique, elle n’arrivera plus à boucler ses fins de mois. L’arrivée de concurrents pourrait donc augmenter les coûts pour l’Etat.

Bref. Le pari a le mérite d’être osé, mais l’offre de Proxima pourrait titiller la SNCF seulement si elle arrive à proposer un service de qualité à un prix compétitif. Mais dans un secteur qui rime avec lutte social et grèves, proposer des prix compétitifs en plus des péages plus coûteux semble être très compliqué. Affaire à suivre…