Pourquoi Vincent Bolloré veut-il scinder le groupe Vivendi ?
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Vincent Bolloré, propriétaire de Vivendi (Canal+, Havas, Hachette, Fayard, Dailymotion, etc.), s’apprête à faire un coup de maître aujourd’hui en actant la scission du groupe.
Pourquoi on en parle ? Le projet de scission divise les investisseurs. Officiellement, l’opération vise à créer de la valeur en séparant les activités du conglomérat, mais selon les critiques, elle est taillée pour consolider le pouvoir du groupe Bolloré.
Contexte : V. Bolloré a toujours été frustré de la capitalisation boursière de Vivendi qui subit la “décote du conglomérat”. Pour rappel, une grande entreprise qui réunit plusieurs activités différentes vaut souvent moins en Bourse que si l’on additionne la valeur de chacune de ses filiales. LVMH en est un exemple.
- Résultat : Les actionnaires de Vivendi voteront aujourd’hui le projet de scission qui vise à scinder le groupe en quatre entités : Canal+, Havas, Louis Hachette Group et Vivendi.
L’intérêt ?
1 – Vivendi cherche à libérer le « plein potentiel de développement » de ses filiales, en levant les contraintes d’un conglomérat perçu comme sous-évalué à hauteur de 45 %.
2 – Internationaliser les cotations. Concrètement, Canal+ serait coté à Londres, et Havas à Amsterdam.
- Pourquoi ? Le groupe Bolloré, qui détient 29,9 % de Vivendi, pourrait consolider sa participation et dépasser les 30% sans avoir à lancer une offre publique d’achat (OPA) – obligatoire en France quand ce seuil est dépassé… mais pas à l’étranger.
- Si Bolloré parvient à augmenter sa participation, il sera quasi impossible qu’un investisseur activiste ou qu’un concurrent puisse contester sa domination. À l’inverse, rester sous la barre des 30 % laisse la porte ouverte à des réformes de gouvernance poussées par des minoritaires.
À noter : le fonds activiste français CIAM a tenté de faire capoter le projet en citant les risques, mais son influence reste limitée (moins de 1 % du capital). Les conseillers en vote partagent les préoccupations mais estiment que les actionnaires doivent choisir.
Bref. Débloquer de la valeur ou consolider l’empire de Bolloré, telle est la question pour les actionnaires. Mais la question devrait être vite répondue puisque la majorité des investisseurs de Vivendi semble peu préoccupée par la gouvernance selon Bloomberg : les objectifs de cours prévoient une hausse de 30 %. De l’autre côté, une cotation à Londres continue d’affaiblir la position de Paris comme centre financier.