Pourquoi les patrons Allemands et Français sont-ils en colère ?
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Les patrons allemands ont craqué ce mercredi : ils sont descendus dans la rue dans plusieurs villes pour protester contre l’inaction économique et le manque de réformes.
Pourquoi on en parle ? Des patrons dans la rue, c’est sans doute du jamais vu, et si on continue comme ça, on pourrait aussi bientôt voir les patrons français : ils se plaignent déjà depuis plusieurs mois, et le très discret B. Arnault a marqué les esprits avec sa déclaration mardi soir.
Comment en est-on arrivé là ? En Allemagne, les entreprises dénoncent un environnement de plus en plus contraignant. Elles demandent donc moins de fiscalité et de bureaucratie, un plafonnement des cotisations sociales, et l’assouplissement du droit du travail pour faciliter les licenciements la gestion des effectifs. Et ces demandes arrivent à un moment très compliqué…
- Hier, la croissance allemande prévue pour 2025 a été révisée à la baisse à 0,3 %, contre 1,1 % espéré alors que le pays sort tout juste de deux années consécutives de récession – une première en vingt ans.
Et en France ? Les demandes sont plus ou moins similaires, mais à ça, rajoutez le casse-tête du budget qui pourrait aboutir sur une augmentation de l’impôt de 25 à 45 % pour les sociétés qui génèrent plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires (CA).
- De nombreux PDG dont P. Pouyanné (TotalEnergies), F. Menegaux (Michelin) ou encore G. Faury (Airbus) ont critiqué la pression fiscale et les complexités administratives ces dernières semaines.
- Mais les déclarations du très influent B. Arnault, qui a laissé entendre que LVMH pourrait se délocaliser aux USA où l’environnement business est plus chaleureux, marquent possiblement un tournant. On sait que l’homme le plus riche de France est très proche du président.
Un peu de recul. Un départ semble risqué pour le géant : le savoir-faire ne se délocalise pas comme ça, et surtout, imaginez un sac Louis Vuitton sans l’étiquette “Made in France”. LVMH pourrait plutôt ouvrir des ateliers comme le groupe l’a fait au Texas en 2019.
- En revanche, d’autres entreprises pour lesquelles le “Made in France” ne compte pas pourraient être tentées par le voyage. P. Pouyanné vise par exemple la cotation de TotalEnergies à New York depuis plusieurs mois.
Bref. Quoi qu’il en soit, la pression de D. Trump est bien réelle : toute entreprise qui ne produit pas aux États-Unis sera sanctionnée par des barrières douanières. Et quand on fait plus de 3 milliards d’euros de chiffre, la question se pose : un écart d’impôts de 20 % par rapport à d’autres pays, ajouté aux charges sociales, rend le « Made in France » particulièrement coûteux.