L’Italie change de direction
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Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis chrétienne » n’est pas forcément la première phrase de séduction à laquelle on pense, mais elle a permis à G. Meloni, à la tête du parti politique d’extrême droite Fratelli D’italia, de séduire les Italiens selon les premiers sondages publiés ce dimanche à 23h.
Qui est Meloni ? C’est l’une des grandes figures de l’extrême droite en Europe, et elle a commencé sa carrière politique à 15 ans. Après être devenue la plus jeune ministre sous Berlusconi, Meloni devient aujourd’hui la première femme à diriger l’Italie. En quelques mots, son programme est nationnaliste, ultra conservateur, anti immigration, anti LGBT et eurosceptique.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La démission de M. Draghi au poste de Premier ministre a permis d’accélérer la cadence. La coalition dirigée par Draghi était gravement fragilisée, et il n’en fallait pas plus pour lancer le début d’une crise politique suite à sa démission. Et les investisseurs qui y voyaient une envolée du coût de la dette italienne ne s’en sont probablement pas encore remis.
Rappel : avec une dette publique de plus de 150% du PIB, un taux de chômage des moins de 25 ans de 24%, une inflation et une dépendance au gaz russe, l’Italie est devenue l’un des maillons faibles de l’UE.
Grâce à une campagne de communication calculée au millimètre et punchlines mémorables, Meloni s’est présentée sous son plus beau profil, et l’Italie a vu ce parti gagner petit à petit du terrain dans les sondages avant qu’elle ne l’emporte.
Les perspectives
Meloni obligera l’Italie à revoir les principales réformes de libéralisation économique vis-à-vis notamment de l’UE dont elle n’est pas vraiment fan :
« En Europe, ils sont un peu inquiets [..] La fête est finie, l’Italie va commencer à défendre ses intérêts nationaux, comme d’autres le font. »
Malgré tout, Meloni a promis de garder les finances publiques “sous contrôle” et de respecter les traités européens, mais elle a aussi promis de protéger les Italiens de la crise énergétique. Elle sous-entend qu’elle est prête à faire chauffer la carte bleue pour venir en aide aux Italiens alors que la dette publique est déjà à plus de 150% du PIB : les détenteurs de dettes italiennes sont proches de la syncope.
Concernant l’économie, les projections estiment qu’elle ne progressera que de 1% l’an prochain, soit moins de la moitié de la prévision de 2,4% selon les informations de Bloomberg. Le déficit prend encore un coup, ce qui ne va pas faciliter la tâche de Meloni.
Bref : l’équilibre politique européen va être soumis à quelques secousses avec toutes les remises en questions de Meloni. Et ces secousses pourraient notamment être bénéfiques à la Russie, soupçonnée, comme à son habitude, d’ingérence dans ces élections, qui souhaite se mettre une Italie fragilisée dans la poche.