L’Etat prend une participation dans Atos

Publié le
10/4/2024

Attendu depuis quelques semaines, le plan de refinancement d’Atos a été présenté aux actionnaires et aux créanciers hier.

Pourquoi on en re-parle ? Parmi toutes les rumeurs dont on vous a parlé hier, l’une des clés de la relance d’Atos avait échappé à tout le monde : l’entrée au capital de l’Etat, qui avait tout fait pour esquiver le doss’ jusque-là, avec une bouée de sauvetage de 50 millions d’euros en échange d’un droit de regard renforcé.

Contexte : B. Le Maire a déclaré au Sénat que l’Etat ne prend « de participation que lorsqu’il n’y a aucune alternative et que l’intérêt stratégique est en jeu ». Avec la menace russe en Europe et la montée des conflits, l’État ne veut surtout pas qu’elles atterrissent entre les mains d’un groupe étranger.

  • Résultat : Le groupe a obtenu un prêt de 50 millions d’euros en échange d’une “action de préférence” dans la filiale Bull SA qui gère notamment les activités sensibles du groupe dont la fabrication des supercalculateurs utilisée dans la simulation nucléaire

  • Les actions de préférences accordées à l’État lui permettraient de reprendre les activités s’il estime qu’un futur acquéreur n’est “pas convenable”.

Un peu de recul : Ce n’est pas la première fois que l’État sort cette carte. Grâce aux actions à droits privilégiés, l’État a notamment pu ajouter des gros poissons dans son portefeuille, dont Airbus Defence and Space. Ce joli portefeuille, valorisé à 153 milliards d’euros (juin 2023), est géré par l’Agence des participations de l’État.

Qu’est-ce que c’est ? L’APE, fondée en 2004, est une filiale du ministère de l’économie chargée d’investir dans les entreprises “jugées stratégiques” dans la préservation de la souveraineté. L’APE a notamment dirigé la nationalisation d’EDF pour reprendre la main sur la politique nucléaire et compte Airbus (11 milliards d’euros), Engie et Thales parmi ses plus grosses participations.

Problème : Quand un État vient à la rescousse, généralement c’est mal vu. L’État peut avoir des objectifs qui diffèrent de ceux des actionnaires privés, et peut souvent favoriser les objectifs sociaux ou politiques à long terme plutôt que la rentabilité.

  • L’État n’a pas pour objectif de réaliser une plus value. La valeur du portefeuille de l’APE a augmenté de 27,4 % en 2023, mais malgré cette perf’, l’État n’a reçu qu’une faible part des bénéfices, avec des dividendes qu’il touche essentiellement en actions de l’entreprise puisqu’elle préfère laisser le « cash » dans les entreprises.

  • L’État ne met donc pas la pression sur la direction pour maximiser les profits, ce qui peut mener à une perte de compétitivité, et plus que tout, il aura toujours le dernier mot face aux actionnaires particuliers.

Bref. Atos a jusqu’à juillet pour trouver une solution validée par ses créanciers. En cas d’échec, on risquerait de voir une grande braderie des actifs d’Atos, avec certaines branches comme Eviden qui pourraient potentiellement s’épanouir indépendamment. RDV en juillet.