Les employés de la Tour Eiffel en grève

Publié le
19/2/2024


Après la SNCF ce week-end, c’était au tour des employés de la Tour Eiffel de faire grève hier. Et ça a le mérite d’être clair : “Si Gustave Eiffel voyait le monument, sa tour Eiffel, pour laquelle il s’est battu pour ne pas qu’elle soit détruite, je pense qu’il se retournerait dans sa tombe” a déclaré un syndicaliste.

Pourquoi on en parle ? C’est la deuxième grève des employés de la Tour Eiffel en deux mois. Forcément, les organisateurs des Jeux Olympiques craignent le pire alors qu’ils sont déjà sous tension avec des menaces de grève dans les transports.

Contexte : le business model de la Dame de fer repose principalement sur les recettes des tickets d’entrées qui permettent de financer les travaux, la maintenance, les salaires, la redevance…

  • En 2022, la Tour Eiffel a accueilli 6 192 000 visiteurs pour un chiffre d’affaires de 106 millions d’euros mais un résultat d’exploitation d’environ -6 millions. En clair, la société qui l’exploite a perdu de l’argent sur son activité principale, et c’est comme ça depuis des lustres… Sur les neuf dernières années, elle n’a été rentable que deux fois (2014 et 2018).

Les problèmes s’accumulent : la crise sanitaire et les coûts d’entretien de la Tour Eiffel ont poussé SETE à accumuler une dette de plus de 100 millions d’euros. De l’autre côté, les travaux de rénovation de la peinture de la Tour Eiffel prennent du temps avec des coûts qui ont explosé. Et c’est sans compter le report de la modernisation des ascenseurs, “organe vital pour l’exploitation du monument”.

  • « Elle est dans un état de délabrement. Il y a des salariés qui ont plus de 30 ans d’ancienneté, ils n’ont jamais vu ça.” a déclaré un syndicat.

Ce que dénoncent les grévistes : CGT et Force Ouvrière pointent du doigt la gestion financière de la Tour Eiffel par la mairie de Paris qui détient 99% des parts de la Société d’Exploitation de la Tour Eiffel (SETE). Selon eux, le modèle économique de la tour Eiffel est “trop ambitieux” avec un budget pour les travaux qui est sous-évalué alors que les recettes sont au contraire surévaluées.

Plus encore : ils accusent la mairie de Paris de vouloir se remplir les poches en augmentant la redevance (la somme que doit payer la Tour Eiffel à la mairie chaque année) de 16 millions d’euros à 50 millions.

Les grévistes veulent que le “symbole de la France soit préservé pour les générations à venir”. Ils demandent à ce que la redevance “n’ampute pas sur la masse salariale” et demandent la création d’un “fonds de dotation spécial” pour faire face aux “dépenses colossales” futures.

Bref. Des négociations sont en cours mais les syndicats sont peu confiants et de nouvelles grèves pourraient avoir lieu. En attendant, la ville de Paris pourrait augmenter les tarifs d’entrée de 20% à l’approche des JO. Affaire à suivre.