Le fonds français PAI Partners surenchérit pour racheter Opella, la maison mère du Doliprane
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Le drama Doliprane continue : le fonds français PAI Partners a surenchéri pour acquérir la filiale de Sanofi dans le temps additionnel.
Flashback. C’est à l’automne 2023 que Sanofi a décidé de se séparer d’Opella, sa filiale grand public de médicaments sans ordonnance et de compléments alimentaires (Lysopaïne, Dulcolax,… et le fameux Doliprane). Au total, le groupe génère 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Pourquoi vendre ? La rentabilité est jugée trop faible malgré une marge d’environ 25 %. Le géant français préfère miser sur les innovations de rupture plus rémunératrices comme son concurrent Johnson & Johnson.
Vendre, mais à qui ? Vendredi, le fonds américain CD&R annonçait vouloir racheter Opella. La nationalité du fonds a fait réagir les foules, et un débat sur la souveraineté sanitaire de la France a émergé. Le gouvernement a évoqué la possibilité de mettre son veto sur le rachat, et les syndicats CGT et CFDT ont annoncé une grève illimitée.
Le dernier épisode en date : écarté au départ, le fonds français PAI a profité de l’incertitude pour surenchérir. Concrètement, le fonds augmente son offre de 200 millions d’euros et promet de répondre aux inquiétudes du gouvernement :
- Conserver le siège social d’Opella en France & les organes de décision.
- Maintenir l’emploi à un niveau constant sur les sites de production français.
- Un plan d’investissement d’au moins 60 millions d’euros sur 5 ans.
- Ouverture du capital à Bpifrance.
Un peu de recul. Selon de nombreux experts, la vraie question de souveraineté, c’est avant tout l’approvisionnement de son principal ingrédient : le paracétamol, importé à 60-80 % d’Inde et de Chine. Dans ce sens, le plus stratégique aujourd’hui serait d’investir dans des productions de paracétamol, comme l’illustre la future usine de Sequens.
Plus encore : Ce blocage enverrait de mauvaises ondes aux entreprises qui envisagent d’investir en France. En l’occurrence, les investisseurs passeraient à côté du profit colossal, donc la question pour les futurs investisseurs est simple : à quoi bon investir en France si on ne peut pas en récolter les fruits du fait de blocages gouvernementaux ?
Bref. Le cas Opella est révélateur des tensions entre protectionnisme économique et ouverture aux investissements internationaux. Si certains secteurs, comme la défense ou le nucléaire, méritent une protection renforcée, ce n’est pas nécessairement le cas pour un médicament générique comme le Doliprane. Les décisions dans ce dossier seront donc scrutées de près, puisqu’elles pourraient influencer l’attractivité du pays à long terme.