La rémunération des dirigeants du CAC 40 a augmenté de 6% en 2023
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Les patrons du CAC 40 ont bien été gâtés l’année dernière : en moyenne, leurs rémunérations ont atteint 7,1 millions d’euros d’après le rapport de Proxinvest.
Dans les faits : En 2023, les dirigeants des 40 plus grandes entreprises cotées en France (CAC 40) ont vu leur salaire augmenter de 6 % par rapport à 2022, et de 37 % par rapport à 2019. Le rapport a pris en compte toutes les formes de rémunération des dirigeants (fixe, variable et en nature) et révèle qu’ils gagnent 95 fois le salaire de leurs employés, soit 304 SMIC sur une base de 39 heures.
Comment en sont-ils arrivés là ? Merci aux actions de performance, principal levier des hausses de rémunération, qui sont des actions attribuées aux dirigeants sous condition (objectif de ventes, rentabilité, etc.). En tête du classement français, tout indice confondu :
- Bernard Charlès, de Dassault Systèmes, a empoché 46,8 millions d’euros (+41,1 % sur un an), dont 94 % en actions de performance.
- Ilham Kadri, DG de Solvay (leader de la chimie, membre de l’indice du SF120 et non du CAC 40), a touché 23 millions d’euros, dont 71 % en actions de performance.
- Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a reçu 17,8 millions, dont 52 % en actions de performance.
- Arthur Sadoun, PDG de Publicis, se classe quatrième avec 17 millions d’euros + un « contrat de rétention » exceptionnel sur cinq ans en actions, sans condition de performance, d’une valeur de 9 millions.
- Philippe Guillemot, PDG de Vallourec, occupe la cinquième place avec une rémunération totale de 12,3 millions d’euros, dont 9,85 millions en actions de performance.
Problème : Quand la rémunération des dirigeants dépend autant du marché, les patrons vont chercher à impressionner les investisseurs à court terme. Et ça se fait parfois au détriment de décisions qui profiteraient à l’entreprise sur le long terme comme on l’a vu chez Boeing : les dirigeants se sont focalisés sur la perf’ boursière, la réduction des coûts et l’accélération de la production, au détriment de la sécurité.
Un peu de recul. Comparés aux patrons américains, nos dirigeants sont des minimoys. En 2021, les CEO américains ont touché en moyenne 14,7 millions de dollars, soit près de trois fois plus que les dirigeants français des 120 plus grosses entreprises cotées, qui ont touché ≈ 5,3 millions de dollars.
- Plus encore : Bloomberg a comparé les salaires des patrons avec le niveau de vie par habitant, basé sur le PIB ajusté au coût de la vie (PPA) : en France, les patrons gagnent 70 fois le PIB par habitant, contre 136 fois en Allemagne, 201 fois au Royaume-Uni et 265 fois aux USA.
Bref. Certains pays ont tenté de limiter indirectement les rémunérations en rendant les chiffres publics, sauf que la transparence a eu l’effet inverse puisque les PDG et administrateurs se comparent. En clair, “si le patron d’une entreprise concurrente touche 2 millions, il serait mal vu de recruter le nôtre pour 1 million”. Pour garder la face, on va lui offrir 2,5 millions, et la course est lancée…