La guerre des frites : UE vs Colombie

Publié le
25/10/2022

Depuis 2018, l’UE et la Colombie se livrent une bataille féroce : celle des frites surgelées qui proviennent de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne. Rassurez-vous, on parle de frites, mais surtout de millions d’euros en jeu.

En 2013, l’UE, le Pérou, la Colombie et l’Equateur ont signé un accord commercial visant à faciliter les échanges entre les 2 continents.

Problème : le marché colombien a été inondé par des produits à bas coût comme les frites surgelées. Et ça n’arrange pas les producteurs locaux de pommes de terre, qui font habituellement vivre 400 000 familles dans le pays.

Selon la 3ème puissance d’Amérique du sud, les pays de l’UE utiliseraient le dumping.

Rappel : le dumping consiste à vendre des produits sur les marchés extérieurs (Colombie en l’occurrence) à des prix inférieurs à ceux du marché national.

Cette pratique est autorisée par l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à moins que le pays étranger ne réussisse à démontrer les effets négatifs que l’entreprise exportatrice a causé à ses producteurs locaux.

Résultat : La Colombie a utilisé la stratégie classique pour contrer le dumping en imposant des droits de douane (entre 3 et 8%) sur l’importation de frites surgelées en provenance du trio exportateur infernal. Mais l’OMC a dénoncé cette barrière douanière sur les frites appliquée par la Colombie, qui a annoncé faire appel de la décision. Selon elle, le pays n’a pas « d’éléments de preuve suffisants de l’existence d’un dumping. »

Pourquoi tant de tension ?

Si Belges, Allemands et Hollandais ne veulent pas qu’on vienne jeter de l’huile sur le feu, c’est parce que la vente de leurs frites outre-Atlantique génère près de 20 millions d’euros par an. Et les frais de douanes, qui augmentent les prix des frites, pourraient donc nuire à leur activité.

Bref : En 2020, l’UE a demandé à l’OMC de constituer un groupe d’experts pour arbitrer le conflit qui l’oppose à la Colombie mais le problème n’est toujours pas réglé. Les taxes resteront en place jusqu’à ce que l’organisme rende sa décision finale, même si les procédures pourraient prendre plusieurs mois. Affaire à suivre…