Pourquoi on en parle ? En tant que président de la Fox Corporation (Fox News) et de la News Corporation (The Wall Street Journal, New York Post…), Rupert Murdoch est l’un des hommes les plus influents du monde des médias. Sa fortune est estimée à plus de 20 milliards de dollars par Forbes, et qui dit grosse fortune, dit forcément (ou presque) problèmes d’héritage.

‍

Contexte : À elles deux, News Corp et Fox Corps valent presque 33 milliards en Bourse. Et Fox News est la chaîne d’info câblée la plus regardée aux États-Unis avec une audience moyenne de 1,3 millions de téléspectateurs par jour au premier trimestre 2023, loin devant ses concurrentes MSNBC (703 000) et CNN (478 000).

‍

Comment en est-on arrivé là ? Aujourd’hui, c’est Lachlan, fils aîné du deuxième mariage de Murdoch, qui est CEO de Fox et président de News Corp. Son avenir en tant qu’héritier de papa semble donc tout tracé. Mais quand Murdoch a divorcé de sa seconde femme, il a accepté qu’un trust soit mis en place pour assurer à ses quatre premiers enfants (sur six au total) une part égale de l’héritage.

‍

Rappel : Un trust est un acte juridique par lequel quelqu’un (Rupert) transfère ses actifs à d’autres (des administrateurs tiers et les quatre enfants) qui auront la responsabilité de leur gestion pour le compte de bénéficiaires (dont font partie tous les enfants). C’est irrévocable, généralement prévu pour des dizaines d’années et ça n’existe pas dans la loi française.

‍

• Le Murdoch Family Trust détient ≈ 40% des parts de News Corp et Fox Corp. Il dispose de 8 voix : 4 contrôlées par le père et 4 par ses enfants aînés.
  

‍

Problème : Le trust familial, conçu à l’origine pour répartir équitablement les pouvoirs entre les quatre enfants, est au centre du drama. En clair, sur ces quatre enfants, seul Lachlan partage les valeurs conservatrices de son père, connu pour afficher publiquement ses opinions politiques notamment via ses médias. R. Murdoch tente donc le tout pour le tout pour changer les termes du trust.

‍

L’objectif : S’assurer que Lachlan récupère plus de parts dans ses sociétés que les trois autres, James, Prudence et Elisabeth, pour qu’ils ne soient pas “en mesure de modérer la politique de Fox ou de perturber ses opérations”. Tel Katniss Everdeen qui se rebelle face au Président Snow, son fils James a carrément eu l’audace de soutenir publiquement Kamala Harris, candidate démocrate à la prochaine élection présidentielle.

‍

Un peu de recul : Avec ce procès, ce n’est pas seulement l’avenir des enfants de Murdoch qui est en train de se jouer mais aussi celui de bon nombre de titres de presse dans le monde. L’arrivée au pouvoir de personnes plus modérées que Rupert pourrait influer sur leur ligne éditoriale.

‍

Bref. Tous les jugements ont lieu à huis clos, R. Murdoch fait tout pour que cette affaire reste de l’ordre privé et essaye à tout prix d’en éloigner les médias. Ironique pour celui qu’on a surnommé “The Dirty Digger” (le sale fouineur) après que son tabloïd The Sun a révélé de nombreux scandales de l’élite britannique.

‍