Hermès a réalisé un chiffre d’affaires au-dessus des prévisions des analystes

Publié le
26/4/2024

Hier, Hermès est venu clôturer le bal des bilans trimestriels du luxe français avec un chiffre d’affaires au-dessus des prévisions des analystes à 3,8 milliards d’euros.

Pourquoi on en parle ? Malgré ces bons résultats, les investisseurs dans le secteur du luxe n’ont pas sorti le champagne. C’est donc l’occasion de tirer un premier bilan pour ce secteur qui pèse lourd dans l’économie française – près de 40% du CAC 40.

Dans les faits : Hermès a annoncé un chiffre d’affaires de 3,8 milliards, en hausse de 12,6% sur un an notamment grâce au succès de sa maroquinerie dont les ventes ont bondi de 20%. « [Un témoignage] de la fidélité de nos clients partout dans le monde, de la force du modèle artisanal du groupe et de la désirabilité des créations » a déclaré le PDG A. Dumas.

Problème : 3,8 milliards c’est bien, mais ça n’a pas suffit à donner le sourire aux investisseurs qui sont plus préoccupés par les revenus de la division « montres » (en dessous des attentes) et par les ventes en Chine jugées faibles sur le mois de mars. Pour rappel, le luxe sans la Chine (et plus globalement l’Asie), c’est un peu comme Lance Armstrong sans dopage…

  • LVMH a généré 27% de son chiffre d’affaires en Asie en 2023
  • Hermès : 57%
  • Kering : 42%

Et les deux concurrents d’Hermès en subissent les frais…

– LVMH a affiché sa plus faible croissance trimestrielle depuis 2021 avec un chiffre d’affaires en baisse de 2% sur un an au 1er trimestre (T1) à cause de la baisse de la demande en Chine.

Le chiffre d’affaires de Kering a reculé de 10% sur un an au T1 à cause de la chute de 18% des ventes de Gucci (qui génère 51% de son chiffre d’affaires), et en grande partie due à un ralentissement en Chine. « Vous êtes déçu, vous êtes frustrés – moi aussi” a déclaré F. Pinault durant l’Assemblée Générale hier.

– Hermès est celui qui s’en sort le mieux. La demande en Chine en début d’année a augmenté contrairement à ses concurrents avant de baisser en mars. Mais la baisse a été compensée « par une hausse des paniers moyens et le succès des pièces exceptionnelles », selon Eric du Halgouët, directeur financier d’Hermès.

Un peu de recul : Le PIB de la deuxième puissance économique mondiale n’a progressé que de 5,2 % en 2023 (notre rêve, mais pas le leur), l’une des plus faibles croissances des dernières décennies, et la confiance des consommateurs, primordial pour le secteur du luxe, est au plus bas. La consommation ne pourra reprendre que si l’économie chinoise sort la tête de l’eau.

Bref. Le cabinet de conseil Bain prévoit un ralentissement du secteur du luxe cette année de 8-10% l’an dernier à 1-4% à cause des tensions macroéconomiques, et du ralentissement en Chine. Les entreprises du luxe comptent donc sur leur clientèle la plus aisée pour continuer de lâcher des SMICs dans leurs sacs en cuir. Sur ce point, c’est Hermès qui est le mieux placé puisque c’est l’entreprise la plus demandée par la clientèle la plus fortunée. Selon les analystes de Citi, le sellier pourrait même dépasser LVMH en bénéficiant en partie de cette tendance dans les années à venir…