Emmanuel Macron n’exclut pas d’autoriser la vente de banques françaises à des concurrents européens
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Dans un entretien à Bloomberg dont on vous a parlé hier, E. Macron a plaidé pour la consolidation bancaire en Europe, et ses déclarations ont fait beaucoup parler…
Pourquoi on en parle ? Suite à cette déclaration, il s’est passé quelque chose d’encore plus rare que des aurores boréales : la Société Générale a été l’action la plus performante du jour avec une hausse de près de 4% sur la journée.
Flashback : En marge de Choose France, E. Macron a expliqué dans cette interview être ouvert à l’acquisition d’une grande banque française par un concurrent issu de l’UE pour créer un mastodonte européen et tenir tête à la Chine et les USA.
Un peu de contexte : Les entreprises européennes sont sur un marché comparable à celui des USA et de la Chine, mais sont encore loin d’atteindre les niveaux de revenus des concurrents américains et chinois (en particulier dans les secteurs de la tech, des télécomm et de la banque).
- Pourquoi ? Contrairement aux USA et à la Chine, l’Europe n’a ni marché “unifié” (la fameuse Union des marchés de capitaux), ni cadre réglementaire unifié à l’échelle de l’UE (comme la SEC aux États-Unis). Résultat des courses : nos entreprises manquent de financements pour rivaliser avec leurs concurrentes américaines et chinoises.
Exemple : Malgré la présence d’ASML, le géant néerlandais des semi-conducteurs, l’Europe n’a qu’environ 10% des parts de marché du secteur, contre près de 50% pour les USA. L’UE a donc investi dans le secteur pour booster ses entreprises, mais c’est toujours le même problème :
- Les États-Unis ont investi 32,8 milliards de dollars et l’Europe, 24,1 milliards à travers trois pays (3,1 milliards pour la France, 2,7 milliards pour les Pays-Bas et 18,3 pour l’Allemagne). Deux salles, deux ambiances…
La proposition Macron : E. Macron veut attaquer ce projet par le renforcement du poids financier de l’UE en autorisant l’acquisition de banques françaises par d’autres entités d’UE pour créer un mastodonte bancaire européen, soit du jamais vu à cette échelle.
- La Société Générale a pris 3,79% hier puisque sa valorisation est inférieure à celle des concurrents, de l’ordre de 0,4 fois la valeur comptable de ses actifs, contre 0,7 pour les autres banques françaises et de 1 pour le secteur en Europe, ce qui en fait donc la parfaite cible pour une acquisition.
Un peu de recul : Du calme, ça ne va pas être aussi simple… Comme toujours dans l’UE, les préférences nationales et les différents cadres réglementaires en fonction des pays membres passent avant tout. Ces différences réduisent donc les envies de fusions transnationales comparées à celles réalisées aux États-Unis.
Bref. Il y a tout de même une exception qui confirme la règle : Airbus. Mis à part ce leader européen, les initiatives de l’UE dans la tech, dont celles dans le secteur du Cloud et des batteries, n’ont jamais décollé (une pensée pour Atos).