David Layani se retire du plan de reprise, Daniel Kretinsky revient dans le jeu

David Layani
Publié le
27/6/2024

Enième rebondissement dans la reprise d’Atos. Le groupe formé par David Layani se retire et ne participera pas à la restructuration financière de l’entreprise.

Flashback : Le projet de redressement d’Atos de D. Layani, en partenariat avec Butler et Econocom, a été accepté le 10 juin dernier. L’accord prévoyait initialement de transformer 2,9 milliards d’euros de dette (sur un total de 5 milliards) en fonds propres (actions), de lever 1,5 milliard d’euros sous forme de dette, et d’injecter 175 millions d’euros dans l’entreprise.

  • À noter : BNP Paribas, qui estimait que D. Layani allait conduire Atos vers le crash, a été écarté de la table des négociations. Pourtant, d’habitude, c’est Alain Papiasse, négociateur en chef et figure emblématique de BNP Paribas, qui l’emporte et détermine la stratégie de sortie dans toutes les restructurations difficiles. En clair, c’était très tendu.

Dans les faits : Le consortium mené par D. Layani se retire du dossier. Selon eux, les comptes d’Atos sont bien plus sombres que prévus et le nouveau besoin de financement serait supérieur à 500 millions d’euros. Leur participation au capital ne serait alors plus que de 10 à 11% contre les 21% espérés.

  • Plus encore : De nombreuses tensions entre D. Layani et le groupe de créanciers empêchaient les négociations d’avancer. Le repreneur voulait obtenir des concessions de la part des créanciers, ce qu’ils ont refusé.

Et maintenant ? Atos n’a plus que deux options pour se relancer.

  • D’un côté, Daniel Kretinsky a envoyé une lettre au groupe informatique dans laquelle il explique être toujours partant pour participer à la restructuration via sa holding EPEI. Mais sa proposition a changé : il veut désormais ne détenir que jusqu’à 49% du capital, contre 100% au départ.
  • De l’autre côté, les créanciers obligataires, principalement des fonds d’investissement soutenus par plusieurs banques, estiment pouvoir gérer la situation sans aide extérieure. Selon C-E. Joseph, associé d’un des principaux membres du groupe de créanciers, ils l’ont déjà “montré en 2023 lors de la restructuration de la dette d’Orpea”.

Un peu de recul : Atos a signé hier une convention avec l’État pour protéger les intérêts de souveraineté en cas d’acquisition de plus de 10% du capital et des droits de vote d’Atos.

  • Problème : Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement doit se limiter à gérer les affaires courantes, et c’est donc le prochain ministre de l’économie qui décidera du sort de l’offre.

Bref : Le temps, c’est de l’argent, et l’attente coûte de plus en plus cher à Atos qui doit trouver un accord définitif de restructuration d’ici 4 semaines. Dans tous les cas, le plan entraînera une dilution massive pour les actionnaires actuels, qui devraient détenir moins de 0,1% du capital social. D. Layani ne reverra donc pas de sitôt les 80 millions qu’il a dépensé pour obtenir 11% du capital.