Corruption au Parlement européen
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La police belge a mené une série de perquisitions et d’interpellations vendredi dernier au cours d’une enquête visant certains membres du Parlement européen. La raison : ils sont soupçonnés d’être impliqués dans une affaire de corruption et de blanchiment d’argent. Et le rôle de Pablo Escobar serait joué par… le Qatar.
Pourquoi on en parle ? On parle là “du scandale de corruption le plus grave à Bruxelles de ces dernières décennies » selon D. Freund, eurodéputé allemand.
Objet de l’enquête
La justice belge soupçonne le Qatar “d’influencer les décisions économiques et politiques du Parlement européen, en versant des sommes d’argent conséquentes ou en offrant des cadeaux importants” au sein du Parlement européen.
Résultat : 4 personnes ont été incarcérées dont Eva Kaili, l’une des 14 vice-présidents du Parlement, qui détenait “plusieurs sacs remplis de billets” chez elle. Au total, près d’un million d’euros en liquide auraient déjà été saisis.
Kaili est l’une des figures les plus importantes du Parlement européen et il faut dire qu’elle sait flatter le Qatar. Avant le Mondial, elle avait rencontré le ministre du travail Qatari et avait déclaré au Parlement européen que “le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail”.
Les réactions ne se font pas attendre
- “Depuis plusieurs décennies, le Parlement a laissé se développer une culture de l’impunité (…) et une absence totale de contrôle éthique indépendant” a déclaré le Transparency international, une ONG de lutte contre la corruption.
- “Des groupes sont venus pourrir les négociations. A un point, je me demande si on avait des représentants des groupes politiques ou tout simplement l’ambassade du Qatar. […] Des députés s’opposaient systématiquement à ce que [le sujet des droits humains] soit abordé et, je crois, avaient pour mission de défendre les intérêts du Qatar” a déclaré l’eurodéputée française M. Aubry.
Réponse de l’accusé : “L’Etat du Qatar rejette catégoriquement toute tentative de l’associer à des accusations d’inconduite”.
Bref : des députés et des ONG réclament un débat pour améliorer les règles d’éthique au Parlement européen, mais une chose est sûre, ce scandale va laisser des traces. En attendant, ce soir, le Parlement doit débattre d’une libéralisation des visas pour le Qatar avec l’UE. Problème : avec cette affaire, certains groupes s’y sont maintenant opposés.