Comment le Hamas a utilisé les cryptos pour lever des millions
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Après l’attaque du Hamas, l’une des questions dont on parle le plus est celle du financement, et Israël pense avoir trouvé la réponse : les cryptos.
Dans les faits : Ces derniers jours, Israël a fait geler des comptes sur Binance (la plus grande plateforme d’échange de cryptos du monde) qui, selon l’Etat d’Israël, seraient liés au Hamas ou au Jihad islamique palestinien (JIP). Les forces de l’ordre n’ont pas précisé le nombre de comptes ou les montants gelés, mais ont déclaré que les fonds seraient détournés vers le Trésor public israélien.
Ce n’est pas une première : En mai dernier, les autorités israéliennes avaient annoncé la saisie d’environ 200 comptes Binance affiliés au Hamas et avaient saisi, en juin, 1,7 million de dollars de crypto liés au Hezbollah et à l’armée iranienne.
L’objectif : « Contrecarrer l’activité de l’État islamique et compromettre sa capacité à poursuivre ses objectifs » bien que le lien entre les comptes et le Hamas ne soit pas explicité.
Contexte : Étant reconnu comme une organisation terroriste par les États-Unis, le Hamas a un accès limité au système bancaire international. Et c’est donc depuis 2019, au moins, que le Hamas cherche à collecter des fonds en crypto via Telegram ou via leur site web.
- “La réalité du jihad est la dépense d’efforts et d’énergie, et l’argent est le nerf de la guerre” a écrit le groupe dans un message en y joignant une adresse de portefeuille crypto qui a reçu environ 30 000$ en bitcoins en 2019.
- Entre avril 2021 et juin 2023, le JIP et le Hamas ont récolté 134 millions de dollars en crypto selon Elliptic, spécialiste de l’analyse des blockchains.
- Le groupe a aussi utilisé le réseau pour transférer plus de 12 millions de dollars en cryptos au Hezbollah, toujours selon Elliptic.
Le Hamas est l’un des utilisateurs de crypto les plus sophistiqués dans le domaine du financement du terrorisme, selon A. Redbord, responsable chez TRM Labs (société de renseignement blockchain qui suit l’organisation). Mais il n’a pas été possible de déterminer si les cryptos ont été utilisées pour financer l’assaut.
Bref : Les organisations terroristes optent pour le financement par les cryptos pour l’anonymat et la quasi-intraçabilité des cryptos, mais la régulation imposée par les autorités permet désormais d’identifier les utilisateurs plus facilement. Et selon les chercheurs, les cryptos ne représentaient probablement qu’un petit pourcentage du montant total de leur fonds. L’Iran enverrait 100 millions de dollars par an au Hamas dont une partie transiterait en cash par les frontières égyptiennes.