Atos annule son augmentation de capital et chute en Bourse

Publié le
6/2/2024

Si vous êtes actionnaire d’Atos, le principal, c’est la santé… Après avoir annoncé l’annulation de son projet d’augmentation de capital hier, l’action a chuté de 29% (60% depuis le début de l’année).

Pourquoi on en parle ? La situation du groupe informatique français devient de plus en plus critique : si Atos ne trouve pas un moyen de faire rentrer rapidement de l’argent, ses 5 milliards d’euros de dette (dont 3,65 qu’elle doit rembourser d’ici fin 2025) conduiront l’entreprise vers la faillite.

Flashback : Créée en 1997, Atos – spécialiste des services informatiques – était promis à un avenir radieux grâce à la numérisation accélérée. Mais son ascension éclair, basée sur de nombreuses acquisitions et accompagnée d’un changement de direction tous les 4 matins, l’a conduit à se retrouver dans cette situation.

Dans le détail : L’été dernier, l’entreprise avait annoncé un projet d’augmentation de capital (émission de nouvelles actions) censé lui apporter 900 millions d’euros. Mais selon le groupe, “compte tenu de l’évolution du contexte du marché, les conditions de réalisation du projet d’augmentation de capital […] ne sont plus réunies”.

  • Cette annonce est “catastrophique dans le contexte des difficultés financières du groupe” a déclaré L. Melka, associé gérant de Swann Capital.

Et maintenant ? Atos doit trouver une autre solution pour se refinancer d’une part pour rassurer les investisseurs (et soutenir son cours de Bourse pour avoir meilleure mine face aux créanciers), et d’autre part pour ne pas finir dans le mur en 2025. L’avenir reste flou mais l’entreprise a encore quelques espoirs d’éviter la faillite :

  • L’entreprise est en négociation avec la société d’investissement du milliardaire D. Kretinsky pour vendre Tech Foundations – ses activités d’infogérance.
  • Atos négocie aussi pour vendre ses activités de Big Data & Security à Airbus pour un montant compris entre 1,5 et 1,7 milliard d’euros.

Un peu de recul : Atos n’est pas qu’une petite entreprise d’informatique. Le groupe possède des activités sensibles pour la France comme la gestion des systèmes sécurisés de l’armée et la production de supercalculateurs destinés à la dissuasion nucléaire française. Certains députés s’opposent à la vente de ses activités à l’étranger et demandent à ce que le gouvernement intervienne pour sauver Atos.

  • Mais fin 2023, Bruno Le Maire a exclu cette possibilité en assurant qu’en cas de faillite, les technologies les plus fragiles seront protégées.

Bref. Quoi qu’il en soit, Atos fait tout son possible pour sauver sa peau. Le groupe a nommé un mandataire ad hoc responsable d’encadrer les discussions de renégociation de la dette avec les banques. Affaire à suivre…