Vladimir Poutine admet que l’inflation élevée est un « signal préoccupant » pour l’économie russe

Klaus Wright/Unsplash
Publié le
20/12/2024

Lors de son RDV annuel avec la presse, V.  Poutine a dressé le bilan de près de 3 ans de guerre et a reconnu (miracle) que l’inflation élevée était un « signal préoccupant ».

Pourquoi on en parle ? C’est aussi rare que des élus qui tombent d’accord sur un budget, Poutine a reconnu une faiblesse -une première depuis 1812. Après 15 vagues de sanctions de l’UE contre Moscou et la promesse de B. Le Maire de l’effondrement de son économie, la Russie montre enfin des signes d’essoufflement avec une inflation à 8,9 % en novembre.

  • Concrètement, sur un an, le prix du beurre a augmenté de 30 %, et celui des pommes de terre, de 65 % : en réaction, le rouble a perdu 1/4 de sa valeur depuis le début d’année et la banque centrale du pays a annoncé augmenter ses taux à des niveaux jamais vus depuis des décennies : 23 % vs 3 % en zone euro.

Pourquoi ? La guerre menée par la Russie est inflationniste. Les entreprises, qui font face à un manque de travailleurs, doivent offrir des salaires plus élevés pour recruter (boucle salaire – prix). Dans le même temps, les caisses de l’État se vident : la guerre a coûté ≈ 130 milliards d’euros en 2023 (soit 1/3 du budget fédéral), et la chute des cours du pétrole limite les revenus.

Résultat : La Russie affiche un déficit de 2 % du PIB. Oui, c’est rien comparé à la France, sauf que les obligations françaises s’arrachent sur les marchés.

La question à 1 million : Comment l’économie russe tient-elle encore ? Pour rester à flot, le ministère des Finances mise sur une réforme fiscale dès 2025. Elle toucherait autant les particuliers que les entreprises et devrait rapporter ≈ 24 milliards d’euros supplémentaires au budget.

  • Le gouvernement puise également dans son fonds souverain, censé financer les retraites et les infrastructures. Il a d’ailleurs déjà fondu de moitié depuis le début du conflit et ne contient plus que l’équivalent d’1,5 an de réserves.

Un peu de recul. Si un ralentissement est en vue selon la banque centrale, l’économie russe ne s’effondre pas non plus (déso Bruno). Le PIB a rebondi grâce aux dépenses massives dans l’armement et en 2024, la croissance pourrait atteindre 3,9 %. On a vu pire.

Bref. Quoi qu’il en soit, la Russie reste le 1er pays du monde en termes de réserves de gaz, le 6e en termes de réserves de pétrole et le 1er en termes de nickel, de platine, d’or, de minerai de fer et de nombreux autres minéraux. V. Poutine, sous pression économique et stratégique, peut perdre une bataille économique mais n’a pas encore perdu la guerre.