La livre turque atteint un plus bas historique après le coup de force d'Erdogan

RTErdogan/X
Publié le
25/3/2025

La livre turque est à son plus bas niveau historique à cause du mouvement de contestation qui continue d’embraser le pays, malgré l’interdiction de manifester.

Un peu de contexte : Le maire d’Istanbul, E. Imamoglu, principal opposant du président Erdogan et potentiel candidat aux présidentielles, a été arrêté pour soupçons de corruption. Ce qui a mené à des manifestations inédites dans plus de deux tiers du pays où le contexte économique est déjà tendu à cause d’une hyperinflation à 39% sur 1 an en février et une livre turque dont la valeur a baissé de 90% en 10 ans.

Résultat : Cette instabilité politique fait peur aux marchés. L’indice de référence de la Bourse d’Istanbul, le BIST-100, a chuté de 16% entre mercredi et vendredi dernier. Une baisse historique depuis 2008, qui a poussé le pays à réagir : les autorités ont suspendu 2 fois les échanges d’actions vendredi pour limiter les pertes.

  • Pour ne rien arranger, la livre turque a chuté brutalement mercredi dernier : -14% en quelques minutes, soit sa pire dévaluation hebdomadaire en quasiment deux ans.

Problème : Quand une monnaie perd aussi rapidement sa valeur, les investisseurs perdent confiance et essaient alors de la vendre pour s’en débarrasser, ce qui la fait encore plus baisser.

  • En réaction, le coût de la dette extérieure augmente, tout comme celui des importations (ce qui accélère l'inflation).

Le pays a donc pris des mesures exceptionnelles et vendu 12 milliards de dollars de ses réserves pour racheter massivement des livres et soutenir artificiellement leur valeur. La banque centrale turque veut aussi vendre des bons de liquidité pour recevoir des livres de la part des investisseurs et les retirer de l'économie locale, pour créer une rareté artificielle.

Un peu de recul. Lundi, les actions turques avaient regagné 7%, malgré un climat loin d’être serein. Et les ménages turcs ont déjà mis une partie de leurs économies à l’abri en investissant dans l’or : ils en détiennent pour ≈ 400 milliards de dollars (contre ≈ 230 milliards pour la Banque de France par exemple).

Bref. Dans les prochains jours, des pays alliés du président Erdogan, comme le Qatar, pourraient intervenir et apporter un soutien financier supplémentaire pour renforcer les réserves et calmer la crise.