Standard & Poor’s dégrade la note de la France, passant de AA à AA-

Loukian Jacquet / Unsplashh
Publié le
2/6/2024

L’agence de notation américaine Standard & Poor’s dégrade la note de la France, passant de AA à AA-, une première depuis 2013.

Rappel : Les États fonctionnent grâce à la dette contractée via les ventes de titres d’obligations. Pour que les investisseurs achètent ces obligations, l’Etat verse des intérêts et rembourse la somme prêtée au terme du placement. Et les notes des agences déterminent en partie le taux d’intérêt : + la note est élevée, + le taux d’intérêt de l’obligation est faible, ce qui permet de s’endetter à moindre coût.

  • Problème : La France y est allée un peu trop fort avec un déficit « surprise » à 5,5% du PIB en 2023 (contre une estimation de 4,9%).

Comment en est-on arrivé là ? La France a évité une dégradation de la note par Moody’s et Fitch en avril dernier, mais c’est finalement S&P qui enfonce le clou. Pour rappel, S&P avait menacé, il y a 18 mois, de rétrograder la note de la France suite au dérapage du déficit public et des politiques jugées « insuffisantes » et « lentes ».

Dans le détail : « La dette publique française en proportion du PIB augmentera en raison de déficits plus importants que prévu entre 2023 et 2027 » selon S&P, qui est bien plus pessimiste qu’en décembre. L’agence et le FMI (Fonds Monétaire International) doutent aussi de la capacité de la France à réduire le déficit à moins de 3 % du PIB en 2027, comme le prévoit le gouvernement.

Quel impact pour la France ? Plus la note d’un État est élevée, plus le taux d’intérêt de son obligation est faible et vice versa. En clair, cette dégradation devrait, en théorie, augmenter le coût d’emprunt de la France. Mais dans les faits, ce tacle glissé deux pieds décollés de S&P ne va pas faire sortir l’Hexagone sur civière.

  • Le déficit tricolore est connu de toutes les institutions financières du monde et ça n’empêche personne d’y placer ses fonds : la dette française reste sexy malgré tout, elle se vend très bien, et la capacité de la France à honorer les échéances de sa dette reste « très forte » selon les critères de S&P.

Pour la suite ? Peu d’impact, très bien, mais ça reste un point noir pour l’image de la France. Il n’y a donc plus le choix : le gouvernement doit trouver des moyens pour faire des économies, et le plus vite possible. Mais B. Le Maire a (vraiment) tenu à rassurer tout le monde avec 3 interviews en 24h et une vidéo Youtube : « Il n’y aura pas de rigueur, il n’y aura pas d’austérité, et pas de hausse d’impôts pour redresser la barre ».

Bref. Hausse d’impôts ou pas, c’est une mauvaise nouvelle pour la majorité à six jours des élections européennes. N’oublions pas non plus que la France est l’un des plus gros emprunteurs (109,9% du PIB), un CV que B. Le Maire justifie par son sauvetage de l’économie suite à la pandémie qu’il ne manque jamais de rappeler. Espérons juste qu’il pourra “sauver” les finances publiques avec un projet de loi de finances en 2025 qui aura sans doute besoin de 20 à 25 milliards d’économies pour être bouclé. Affaire à suivre…