Quel impact vont avoir les législatives sur les marchés financiers ?

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Publié le
28/6/2024

Avec une dette de 3100 milliards d’euros et un déficit plus élevé que prévu, les investisseurs veulent au pouvoir un parti qui règle ce problème en priorité. Pour le moment, il y a trois scénarios qui se profilent :

Majorité relative du RN : Le Rassemblement National obtient le plus de sièges au parlement, mais pas assez pour une majorité absolue. Concrètement, le RN ne pourra pas pleinement gouverner puisque les réformes seront bloquées sans majorité. C’est le scénario le plus probable selon les sondages.

  • Avec un RN limité, les investisseurs pourraient être légèrement soulagés, mais la volatilité resterait élevée. L’écart du taux d’emprunt (appelé “spread”) entre la France et l’Allemagne pourrait se stabiliser entre 60 et 70 points de base, ce qui reste plus élevé qu’avant la dissolution.


Majorité absolue du RN : L’extrême droite obtient suffisamment de soutien pour former un gouvernement, ce qui force donc la fameuse « cohabitation » avec E. Macron. Le scénario semble de plus en plus probable selon le dernier sondage de Harris interactive. En cas de majorité du RN, les investisseurs pourraient paniquer.

  • Pourquoi ? Ce scénario incertain impliquerait potentiellement une augmentation des dépenses pour appliquer le programme du RN. Le spread pourrait grimper à 100-150 points de base. Une approche plus pragmatique compte tenu du déficit public pourrait limiter la casse, mais les investisseurs demanderaient toujours une prime de risque pour couvrir le risque budgétaire.


Majorité relative du NFP : Le Nouveau Front populaire, actuellement 2ème dans les sondages, l’emporte le jour du scrutin. Sur le papier, c’est le pire scénario pour les marchés selon les analystes interrogés par Bloomberg.

  • Pourquoi ? Même problème : un programme économique plus coûteux que celui du RN qui pourrait inquiéter les investisseurs. Le spread devrait atteindre 80-100 points.


Un peu de recul : Plus les taux d’emprunt obligataire augmentent, plus le coût de la dette explose. En clair, le gouvernement doit consacrer une plus grande part de son budget au paiement des intérêts (charge de la dette), ce qui réduit donc les fonds disponibles pour d’autres dépenses publiques.

  • Le ministère des Finances estime que l’augmentation des coûts d’emprunt pourrait coûter à l’État 800 millions d’euros supplémentaires par an. Si ce niveau persiste, après cinq ans, le coût annuel supplémentaire serait d’environ 4 à 5 milliards d’euros, et de 9 à 10 milliards d’euros après dix ans.


Résultat : L’aggravation du déficit public provoque une panique des marchés. Les investisseurs ne font plus confiance à la France et veulent se débarrasser de toutes leurs obligations. Et c’est là qu’on arrive au pire scénario ever : la crise de la dette.

  • Ça nous rappelle Liz Truss, ex première ministre britannique, qui avait contraint la Banque d’Angleterre à intervenir sur les marchés pour calmer les investisseurs en rachetant des obligations d’État (titres de dette). C’est peu probable en France, mais imaginez quand même…


Et après ? Comme on le disait plus haut, les premières à plonger seraient les banques, mais aucune entreprise française ne serait épargnée dans cette histoire. L’autre victime, ce sera sans doute l’euro qui prendrait aussi un coup face au dollar : qui dit moins de demande, dit dévaluation.

Bref. RDV lundi. D’ici là, allez voter.