Nouveau dérapage pour le déficit budgétaire français

Bruno Le Maire
Publié le
4/9/2024

Revenons sur la surprise du chef : Bruno Le Maire a annoncé lundi soir que le déficit public pourrait atteindre 5,6 % du PIB en 2024 contre les 5,1 % attendus.

Pourquoi on en parle ? B. Le Maire pourrait jouer dans Fast and Furious à force de déraper, sauf que cette fois-ci, il ne sera sans doute plus en poste pour sauver la France. Il refilera donc la patate chaude au prochain gouvernement qui devra se plier en quatre pour trouver une solution à ce problème de déficit public.

Flashback : B. Le Maire a commencé à perdre ses appuis au mois de février quand il a dû réviser à la baisse sa prévision de croissance pour 2024 à 1 %, alors que de nombreuses institutions jugeaient déjà que c’était trop gourmand. On a ensuite eu le premier dérapage en mars dernier quand le déficit pour 2023, annoncé par l’Insee, était nettement plus élevé que les prévisions initiales, et le dernier en date annoncé lundi.

Problème : Le dérapage non contrôlé se poursuit alors que cette fois-ci, la croissance est supérieure aux estimations à 1,1 %.

Comment en est-on arrivé là ? Les recettes fiscales sont moins bonnes que prévu pour la deuxième année d’affilée, en partie avec la baisse de l’impôt sur le revenu et surtout, de la consommation des ménages qui réduit les entrées de TVA. En clair, la croissance économique est en grande partie tirée par le commerce extérieur, moins taxé. B. Le Maire a aussi remis la faute sur les collectivités locales qui se sont endettées à hauteur de 16 milliards d’euros depuis le début de l’année.

Un peu de recul : La situation est critique. La France devra réaliser 110 milliards d’euros d’économies d’ici 2027 pour respecter les engagements européens, et même un ajustement minimal exigerait 30 milliards d’euros dès 2025.

  • Résultat : Le prochain Premier ministre devra sans doute annoncer des mesures d’économies drastiques dès son arrivée. Cette situation impose des choix difficiles et la hausse des impôts – que le gouvernement avait promis de ne pas mettre en place – pourrait devenir inévitable.

  • Parmi les sources potentielles d’économies identifiées dans le rapport commandé par Bercy : la baisse de certaines aides aux entreprises (jusqu’à 3 milliards d’euros), la suppression des taux réduits de TVA (4 milliards) ou la révision des politiques d’apprentissage (1,5 milliard). D’autres secteurs, comme la santé et l’emploi, sont aussi ciblés (jusqu’à 1 milliard).

  • Plus encore : Les discussions incluent aussi des propositions pour réduire l’absentéisme dans la fonction publique ou rogner sur les hausses de budget prévues pour les Armées et la Recherche. La France est le pays d’Europe qui a le plus haut niveau de dépenses publiques (58,3% du PIB en 2023) selon Eurostat, soit environ 10 points de plus que la moyenne européenne. Simple rappel.

Bref. Il/elle devra faire vite. D’un côté, on a les agences de notation, chargées de noter la solvabilité des États qui s’attaqueront au dossier France (11 octobre pour Fitch, 25 octobre pour Moody’s et 29 novembre pour Standard & Poor’s), et de l’autre, on a la Commission Européenne qui a épinglé la France (et 6 autres membres de la zone euro) pour leurs déficits excessifs.