Michel Barnier a dégainé le 49.3. Et maintenant ?
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Michel Barnier a dégainé le 49.3 pour faire passer le budget de la Sécurité sociale en force. Résultat : le NFP a déposé une motion de censure que le RN va voter (pour faire démissionner le gouvernement).
Pourquoi on en parle ? Si le gouvernement tombe, ce serait un record dans l’histoire de la Ve République. Mais ce n’est pas tout : selon le rapporteur général de la commission mixte paritaire (CMP), le vrai danger, c’est de ne plus pouvoir payer les retraites, les fonctionnaires ou, pire, de dire adieu à la carte Vitale…
Dans les faits : Malgré un accord en CMP entre députés et sénateurs, malgré des concessions de Barnier dans le temps additionnel pour satisfaire le RN et ses « lignes rouges » (le déremboursement des médicaments et la désindexation des retraites), le RN et le NFP avaient déjà décidé de jouer la carte de la motion de censure, Barnier n’avait donc plus rien à perdre en tentant le passage en force.
- Résultat : Le NFP a une mention de censure et le RN a annoncé qu’il voterait pour celle du NFP en plus d’en déposer une également. Elles seront votées mercredi.
Quelles conséquences ?
- La chute du gouvernement pourrait faire grimper le « spread » franco-allemand (la différence entre les taux des obligations françaises et allemandes à 10 ans). En clair, la confiance vis-à-vis des obligations françaises (titres de dettes émis par l’Etat), donc de l’État, chute.
- L’annonce a fait reculer le CAC 40 de 0,5 %, et l’euro a chuté de 1 % face au dollar, sa plus forte baisse depuis le 6 novembre.
Un peu de recul. Non, on ne risque pas le « shutdown » (l’arrêt des activités d’un gouvernement). Si le gouvernement tombe, les ministres restent en poste pour gérer les affaires courantes. Le budget pourrait être adopté via une loi spéciale permettant de lever des crédits par décret, dans la limite des montants de l’année précédente.
- Le hic : Les investisseurs voient ce “plan B” d’un budget reconduit pour 2025 comme insuffisant pour freiner le déficit.
Bref. Selon Bloomberg, des entreprises comme LVMH, Air Liquide ou Airbus empruntent actuellement à des taux plus bas que l’État français. Alors même qu’un État est censé être un emprunteur plus sûr que n’importe quelle entreprise grâce à sa capacité à lever des impôts.