L’UE augmente fortement les taxes douanières sur les véhicules électriques produits en Chine

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Publié le
12/6/2024

Comme souvent, l’UE suit les US, cette fois-ci pour augmenter les taxes douanières sur les véhicules électriques (VE) produits en Chine.

Pourquoi on en parle ? Cette hausse exceptionnelle pourrait mener à des représailles chinoises conséquentes.

Flashback : Les tensions entre l’Occident et la Chine, déjà présentes dans de nombreux secteurs comme la tech et l’alimentaire, ont pris un tournant avec l’augmentation des frais de douanes pour les VE de 25 à 100% imposées par Joe Biden en mai dernier.

  • De son côté, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait déclaré que la réponse européenne serait « plus ciblée ». Elle avait donc annoncé l’ouverture d’une enquête sur la distribution illégale de subventions aux constructeurs de VE par l’Etat chinois.

Dans les faits : Bruxelles a tranché en faveur de droits supplémentaires provisoires qui seront appliqués à partir du 4 juillet si « les discussions avec les autorités chinoises n’aboutissent pas à une solution efficace ». Ils deviendront définitifs si les membres du parlement (représentant au moins 65 % de la population de l’UE) ne s’y opposent pas d’ici novembre.

Dans le détail : Bruxelles prévoit d’augmenter les droits de douane des producteurs de BEV (véhicules électriques à batterie) de 10% à 38,1%.

  • Les fabricants occidentaux qui ont délocalisé leur production en Chine seront aussi impactés, sauf Tesla qui pourrait être avantagée avec un taux individuel.

Problème : La Chine est en position de force. Le déficit commercial (exportations – importations) de l’UE avec la Chine est de 395 milliards d’euros en 2022 et elle dispose de plusieurs armes pour répliquer comme les droits de douanes, le blocage des importations, les restrictions sur les exportations, voire les boycotts « spontanés » des consommateurs qui en a fait souffrir plus d’un…

  • Les exportations européennes d’alcool, de produits laitiers et de porc pourraient être impactées et les constructeurs de voitures allemands commencent à avoir chaud puisque la Chine représente 40% de leur revenus.

Un peu de recul : Ces mesures vont réduire la marge des VE chinois en Europe qui sont évaluées à 30% par les analystes de HSBC. Un telle marge, les constructeurs occidentaux (qui n’arrivent toujours pas à rentabiliser leur virage vers l’électrique) en rêvent, et c’est la raison pour laquelle l’UE s’impose.

  • Mais de l’autre côté, ces mesures freinent aussi potentiellement les bienfaits de la concurrence : de l’innovation technologique et des prix bas pour les consommateurs puisque les constructeurs chinois vont être contraints d’augmenter les prix.

Bref. L’UE veut se montrer forte en suivant les US mais le rapport de force n’est pas le même, sans compter que les marques chinoises ne représentent que 8% du marché européen. En revanche, on se retrouve avec des constructeurs chinois plus incités que jamais à suivre la trend du secteur auto : installer leurs usines en Europe, ce qu’ils font avec plaisir. En clair, le déluge de VE chinois est inévitable et, sans améliorations significatives, les tarifs douaniers ne suffiront pas à les protéger.