L’investissement socialement responsable en perte de vitesse

Publié le
8/12/2022

Lui, c’est Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs du monde avec plus de 8 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. En clair, c’est le colosse de la finance mondiale.

En 2021, BlackRock a doublé ses investissements ESG (environnement, social, gouvernance), qui ont atteint les 500 milliards de dollars. La hype était réelle. Sauf que…

Larry Fink, qui avait la main verte entre 2020 et 2021, a déclaré en mars dernier que BlackRock allait réduire les investissements verts : selon lui, ces projets n’étaient plus compatibles avec l’intérêt financier à long terme de ses clients. Et ce retournement de veste résume assez bien la situation.

Explications

Les facteurs ESG (Environnement, Social, Gouvernance) permettent de classer des entreprises selon leurs avancées en matière de transition énergétique, de transparence et de bien être au travail. En clair, on retrouve les bons élèves du moment, pour donner du sens à son épargne, par le biais de fonds labellisés (ISR). Un enjeu de taille, et surtout d’image pour les entreprises.

Contexte : en 2020, durant la pandémie, l’investissement ESG est autant à la mode que l’appli House Party. La croissance exponentielle porte la capitalisation totale des investissements ESG à 35 000 milliards de dollars.

La mode touche même les cryptos ; Ethereum, l’une des blockchains les plus utilisées, pourrait obtenir ce label, grâce à la dernière mise à jour “The Merge”, qui a réduit la consommation énergétique de 95%, permettant à la blockchain d’intégrer des fonds ESG…

Problème : Les perspectives économiques s’assombrissent, et la transition énergétique n’est plus aussi sexy qu’en 2020.

Plus encore : la réglementation devient un casse-tête et complique l’interprétation de ces critères.

Exemple : Tesla, considérée comme une entreprise vertueuse, a pourtant été éjectée du S&P 500 ESG, alors qu’Exxon (entreprise pétrolière et gazière) y est encore.

Pourquoi ? Le tri se fait par secteur. Exxon pollue bien plus que Tesla mais toujours moins que ses autres copains pétroliers.

Larry Fink a le cul entre deux chaises.

D’un côté : des États américains retirent des investissements dans BlackRock à cause de son discours pro-climat. La Louisiane, qui tire une grande partie de ses revenus du pétrole, va retirer 794 millions de dollars, et la Floride a annoncé retirer 2 milliards.

Et de l’autre : un fonds activiste pour l’écologie (Blubell) qui l’accuse de ne pas respecter les principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qu’il a lui-même adoptés.

En clair, il est trop vert pour l’un, mais pas assez pour l’autre.

Bref : Larry à tout intérêt à rester ESG puisque le total des actifs sous gestion ESG pourrait atteindre les 50 000 milliards de dollars d’ici 2025 selon Bloomberg. Mais c’est insuffisant selon le GIEC. Les flux financiers sont 6 fois plus faibles que nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques, mais l’organisation assume que la finance a un rôle à jouer.