L’inflation en France chute à 1,2% sur un an en septembre
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Nous y sommes : l’inflation française est officiellement passée sous l’objectif des 2 % à 1,2 % sur un an selon les chiffres de l’Insee publié vendredi.
Pourquoi on en parle ? Malgré tout, les Français ont encore du mal à voir l’amélioration de leur pouvoir d’achat. Cette baisse, en théorie bénéfique pour les consommateurs, arrive aussi au mauvais moment pour le gouvernement dont la dette a atteint 112% du PIB au deuxième trimestre, contre 110,5% fin mars (+ 68,9 milliards d’euros pour atteindre 3 228,4 milliards entre avril et juin, un nouveau record).
Dans les faits : En septembre, l’inflation en France a chuté encore plus violemment que Julian Alaphilippe hier. Concrètement, elle a chuté à 1,2 % sur un an, après 1,8 % en août, soit la plus forte baisse sur un mois depuis 1990. Cette baisse marque le taux d’inflation le plus bas depuis le printemps 2021.
Dans le détail : Cette décélération s’explique par la baisse des prix de l’énergie, en particulier ceux du pétrole, grâce au ralentissement de l’économie chinoise dont la consommation de pétrole a diminué. En parallèle, les prix des produits manufacturés ont diminué également, et l’inflation alimentaire arrive à son terme.
Problème : L’impact de l’inflation sur les dépenses essentielles (alimentation, énergie) a laissé des cicatrices profondes. Depuis 2021, les prix alimentaires ont bondi de 22 %, et l’énergie de 40 %. Et ce sont ces hausses, concentrées sur des dépenses incompressibles, qui ont frappé les plus modestes, ce qui rend donc la perception d’une amélioration économique difficile.
En clair, même si les chiffres montrent un ralentissement, les ménages ressentent une érosion qui s’explique par le fait que les salaires n’ont pas suivi l’inflation. Entre 2021 et 2024, les salaires dans le privé ont augmenté de 11 %, mais l’inflation a atteint 13 %, voire 15,1 % selon l’indice IPCH d’Eurostat. Ce décalage s’est traduit par une perte de pouvoir d’achat pour de nombreux travailleurs.
Plus que tout : Si les Français ne sentent rien, le gouvernement, lui, ne passera pas à côté… Pour rappel, le gouvernement présentera son projet de loi de finances la semaine prochaine qui visera notamment à réduire le déficit public qui pourrait atteindre plus de 6,3 % du PIB cette année selon BFM Business.
Problème : Avec une inflation faible, la marge de manœuvre est réduite. Concrètement, la désinflation prive l’État d’une stratégie souvent utilisée en période d’inflation élevée : ajuster les dépenses publiques moins vite que la hausse des prix, comme l’explique l’économiste François Ecalle.
Comment ça marche ? En période d’inflation élevée, il est possible de laisser les dépenses publiques augmenter plus lentement que les prix pour alléger la charge budgétaire. Mais avec une inflation sous les 2 %, les recettes fiscales, notamment la TVA (première source de recette de l’État), diminuent rapidement alors que les dépenses, elles, continuent d’augmenter à un rythme plus lent, ce qui aggrave donc le déficit.
Bref. On rêvait de voir l’inflation passer sous les 2 % depuis des années, mais les 2 % ne font pas le bonheur… En 2024, la revalorisation des salaires et des prestations sociales, sans compter des revenus du patrimoine, devraient soutenir le pouvoir d’achat, mais encore faut-il que les Français ressentent les effets. Et ça, ça relèvera en partie des mesures du gouvernement, mais ce n’est pas d’actu puisqu’il envisage plutôt d’augmenter les impôts des plus aisés…