Les marchés réagissent positivement au 1er tour des législatives

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Publié le
2/7/2024

Les résultats du premier tour des élections législatives ont permis aux marchés de limiter la casse en regagnant une partie des pertes du mois de juin.

Dans les faits : Le CAC 40 a augmenté de 1,09 % (contre une baisse de 6,4 % en juin) et l’euro a augmenté de 0,6 % par rapport au dollar. L’écart de taux avec l’Allemagne s’est aussi détendu à 73 points de base contre 86 points vendredi (et moins de 50 avant la dissolution).

  • Plus encore : Ce sont les valeurs qui avaient le plus chuté, comme les banques et les services aux collectivités, qui ont mené le CAC à la hausse.

Pourquoi cette hausse ? Concrètement, l’hypothèse d’une Assemblée nationale sans majorité absolue pour le RN est de plus en plus probable, ce qui écarte le pire scénario envisagé par les marchés (le scénario d’une majorité absolue du NFP ayant été écarté par les sondages).

  • Les investisseurs misent sur un parlement divisé, avec une majorité relative pour le RN. Les risques pourraient être limités puisque “le parti ne pourra donc pas mettre à exécution la partie la plus radicale de son programme” selon W. Galland, directeur stratégiste chez Montpensier Finance.

  • Pour autant, les marchés n’ont pas effacé toutes les pertes du mois de juin. « Le résultat est probablement meilleur que prévu mais pas aussi bon que l’état des choses il y a trois semaines avant les élections », a déclaré M. Kumar, économiste en chef chez Jefferies.


Quelles perspectives ? Les marchés ne retrouveront probablement pas les niveaux d’avant la dissolution avant un certain temps compte tenu de l’incertitude sur la composition de l’Assemblée et sur ses premières décisions.

  • “L’une des responsabilités de la future majorité sera d’envoyer rapidement des messages assez clairs pour donner de la visibilité et reconstituer la confiance”, a déclaré F. Puzin, fondateur de la société de gestion Corum. “Sinon […] on assistera à des mouvements de repli sur l’épargne, les liquidités, et l’arrêt de projets d’investissement à long terme”.

  • Plus encore : Les investisseurs craignent pour les finances publiques. En septembre prochain, les débats pour la loi finance débuteront à l’Assemblée mais “en cas de désaccord, le budget 2024 serait reporté de mois en mois, ce qui n’est pas rassurant pour les investisseurs”.

Un peu de recul : Le programme économique du RN inquiète les investisseurs. Mais dans les faits, il pourrait être compliqué à appliquer, et donc inciter le parti à abandonner certaines mesures au profit de la santé mentale des investisseurs.

  • Pourquoi ? L’Union Européenne joue un rôle important dans les politiques économiques menées par un pays. Par exemple, le gouvernement italien d’extrême droite de G. Meloni n’a pas pu mettre en œuvre son programme économique puisque les prêts et subventions du plan européen Nextgeneration EU sont conditionnés par la trajectoire budgétaire.

  • Résultat : Dès son arrivée au pouvoir, G. Meloni nomme G.Giorgetti, ministre de l’économie pro-européen. Selon F. Giavazzi, professeur à la Bocconi, “elle a très vite compris qu’elle ne tiendrait pas si elle prenait l’Europe de front”.

  • Plus encore : Avec la procédure pour déficit excessif de l’UE, le gouvernement français devra présenter sa trajectoire des finances publiques pour quatre ans. Si les engagements ne sont pas respectés, la France risque une sanction de 0,1 % du PIB, soit 2,6 milliards d’euros.

Bref. Pour certains, le rebond des marchés n’est pas justifié. “Je dois dire que je suis un peu surpris par la réaction du marché. Je pense que c’est clairement prématuré compte tenu de la faible visibilité pour cette semaine à venir”, a déclaré V. Juvyns, stratège chez JPMorgan Asset Management. Raison pour laquelle les gains du début de séance ont partiellement été effacés au cours de la journée :  le CAC 40 a clôturé en hausse de 1,09 % et l’euro en hausse de 0,1 % par rapport au dollar (à 17h30).