Les enjeux économiques du Tour de France

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Publié le
1/7/2024

Avec les élections législatives ce week-end, il y a une compétition qui est passée sous les radars : Le Tour de France, un événement majeur avec des enjeux économiques majeurs.

Comment ça marche ? C’est l’Amaury Sport Organisation (groupe Amaury, propriétaire notamment du média L’Équipe et du Ballon d’Or) qui détient et organise chaque année le Tour de France. Et les sources de revenus sont variées :

  • Les sponsors : LCL, Orange, Krys, etc. payent entre 150 000 et 10 millions d’euros, et les villes étapes entre 90 000 et 130 000 euros (certaines villes payent même plusieurs millions pour le départ officiel du Tour).

  • Les droits TV : L’événement diffusé dans 190 pays, avec en moyenne 4 millions de téléspectateurs par jour, est le 3ème événement sportif le plus suivi au monde (derrière les JO et la Coupe du Monde de football).


Résultat : Le chiffre d’affaires généré est estimé entre 150 et 200 millions d’euros, pour une marge nette d’environ 20%.

Malgré le coût : Les villes se bousculent pour accueillir une étape du Tour : “Nous avons en moyenne 250 candidatures pour au maximum 40 villes étapes”, a déclaré C. Tricart, responsable des relations extérieures de l’ASO.

Pourquoi ? Les villes traversées par le Tour gagnent une visibilité mondiale et “c’est une campagne de communication qu’aucun territoire ne pourrait se payer”. Selon l’ASO, chaque euro investi rapporterait entre 3 et 10 euros aux villes.

  • Exemple : La Vendée a accueilli le Grand Départ en 2018 et a investi 1,2 million d’euros. “Nous avons eu plus de 1,5 million de spectateurs, près de 950 000 journées touristiques et les hôtels et restaurants ont engrangé 38 millions d’euros de dépenses des spectateurs”, selon L. Pineau, directeur général adjoint du conseil départemental.

Un peu de recul : Au-delà du simple événement sportif, le Tour de France est devenu un événement politique ces dernières années. Les équipes sponsorisées par des Etats sont de plus en plus nombreuses sur les circuits.

  • Selon J-B. Guégan, spécialiste en géopolitique du sport, “le cyclisme, à l’instar d’autres sports, est devenu un vecteur de visibilité, d’influence, un moyen de construire une stratégie politique et géopolitique”.

  • En clair, les Etats sponsors, pour la plupart producteurs d’hydrocarbures, ont pour objectif de “verdir leur image” et améliorer leur réputation. Les pays du Golfe, comme Bahreïn et les Émirats arabes unis, ont bâti des équipes performantes comme Bahrain Victorious et UAE.

  • L’équipe Israël-Premier Tech, financée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, utilise par exemple le cyclisme pour dynamiser le tourisme et montrer Israël sous un angle différent du conflit israélo-palestinien.

Bref. Le Tour de France (qui a vu deux Français s’imposer sur les deux première étapes cette année) est incontournable, mais va faire face à de la concu’. L’Arabie Saoudite envisage de créer One Cycling, un projet de ligue professionnelle de cyclisme avec un nouveau circuit mondial, qui répondrait à la demande des équipes professionnelles d’être mieux rémunérées. En clair, il pourrait attirer les équipes qui tourneraient alors le dos au Tour de France.