Les agriculteurs sont sous tension à l’entame du G20 à Bali

Élysée/X
Publié le
17/11/2024

Les agriculteurs sont de retour, et ils ne seront pas seuls cette fois-ci : de nombreux mouvements de blocages sont à prévoir d’ici la fin de l’année.

Pourquoi on en parle ? Les agriculteurs sont tendus à l’entame du G20 aujourd’hui à Bali, durant lequel la France devra voter sur le traité de libre échange UE-Mercosur dont les agriculteurs français font des cauchemars.

Dans les faits : Ce traité entre l’UE et le Mercosur (pays d’Amérique Latine) permettrait de supprimer des taxes sur de nombreux produits, et à l’UE d’y exporter ses produits comme les voitures, le vin et les vêtements. Concrètement, l’UE toucherait 780 millions de personnes et générerait 40 à 45 milliards d’euros par an.

  • Problème : Les agriculteurs français dénoncent l’importation massive et la concurrence déloyale de produits sud-américains soumis à des normes sanitaires et environnementales plus souples.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Pour rappel, G. Attal, ancien premier ministre, avait promis en février dernier de ne pas voter le traité pour calmer les tensions. Mais au vu de la situation géopolitique, les négociations se sont récemment accélérées.

  • Initialement favorable, E. Macron s’est rétracté, en partie pour des raisons climatiques : en 2020, un rapport soulignait les risques de déforestation au Brésil. E. Macron demande donc une renégociation du texte pour intégrer des « clauses miroir » et des normes environnementales plus strictes pour éviter toute distorsion de concurrence.

Un peu de recul. Avons-nous le choix ? Le Covid, la guerre en Ukraine, et les avancées commerciales de la Chine en Amérique latine ont changé la donne, sans compter le retour de Trump… L’UE veut se diversifier pour réduire sa dépendance à la Chine et aux USA, et le Mercosur pourrait faire partie de la solution.  

Plus encore : La France est seule. Des poids lourds comme l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne plaident pour sa ratification en espérant booster leur économie, notamment avec les voitures “deutsche qualität” et l’accès aux ressources du Mercosur (lithium, en cuivre, en fer ou en cobalt). La France cherche à rassembler des alliés pour former une minorité de blocage (quatre États minimum), mais ça s’annonce compliqué.

  • Le temps presse. Si l’Europe tergiverse, elle risque de perdre l’accès à cet immense marché au profit de la Chine qui va manger le gâteau entier. Sans compter que l’accord devra ensuite passer l’épreuve du Conseil européen et du Parlement européen, retardant donc sa mise en application au mieux à la seconde moitié de 2025.

Bref. Dans tous les cas, E. Macron risque de perdre sa street cred’ en Europe : si la France est contournée, il sera le dindon de la farce et perdra de l’influence, puis les eurosceptiques en sortiront renforcés. Il essaie donc de bloquer l’accord quoi qu’il en coûte ou de trouver un meilleur accord pour tenter de préserver son image dans l’hexagone, notamment auprès des agriculteurs, face à la montée de popularité de Marine Le Pen dans le milieu.