Le taux d’emprunt français à 10 ans a dépassé celui de la Grèce pour la 1ère fois
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Pour la première fois de son histoire, le taux d’emprunt français à 10 ans a dépassé celui de la Grèce, le pays le plus endetté d’Europe.
Pourquoi on en parle ? Si la France emprunte à un taux plus élevé que la Grèce, ça signifie que les investisseurs jugent qu’il est plus risqué de prêter à la France. M. Barnier alerte sur les risques d’un rejet de son budget, et évoque une “tempête” pour le pays. Certains évoquent même un « shutdown » à l’américaine où fonctionnaires et retraités ne seraient plus rémunérés.
Dans les faits : Ce qui inquiète, c’est l’incapacité à contrôler les intérêts de la dette : ils atteindront 60 milliards d’euros (≈ budget de l’éducation) l’an prochain, et 75 milliards dès 2027. Sans budget voté, aucune mesure pour réduire le déficit ne pourra être mise en place, ce que les investisseurs sentent déjà venir…
Résultat : Le spread franco-allemand (écart entre les taux d’emprunt de la France et de l’Allemagne) atteint un niveau record depuis 2012.
- Si le gouvernement tombe, “l’instabilité s’aggraverait, à un moment où les liquidités sur les marchés sont faibles, ce qui entraînerait des mouvements plus violents”.
Un peu de recul. Le gouvernement a tout de même quelques armes constitutionnelles pour éviter le « shutdown ».
- Vote partiel anticipé : Il peut faire voter à partir du 11 décembre une première partie du budget centrée sur les recettes. La seconde partie serait votée plus tard.
- Lever l’impôt à la mano : D’ici le 19 décembre, le gouvernement peut faire voter une loi spéciale pour ouvrir des crédits par décret.
- Ciao le parlement : Si le Parlement ne se prononce pas d’ici le 21 décembre, le gouvernement peut faire passer le projet de loi de finances par ordonnance.
Bref. En clair, aucun risque de shutdown, mais ces mesures d’urgence ne suffiront pas à calmer une « crise de confiance des marchés financiers » selon M. Barnier… Le RDV est donc fixé au 18 décembre, lorsque le texte sera voté (ou pas) à l’Assemblée nationale. Et pour pimenter le tout, l’agence de notation S&P donnera son verdict sur la note de la France vendredi.