Le Royaume-Uni va expulser les immigrés illégaux au Rwanda

Publié le
24/4/2024


Malgré les scandales, le Parlement britannique a finalement approuvé le projet de loi « Safety of Rwanda », la loi sur l’expulsion des demandeurs d’asile au Rwanda.

De quoi on parle ? Concrètement, le Royaume-Uni va désormais déporter les personnes arrivées illégalement dans le pays au Rwanda, quel que soit leur pays d’origine. C’est une première en Europe et sa mise en œuvre pourrait avoir des impacts économiques majeurs.

Un peu de contexte : La réduction du nombre d’immigrés fait partie des promesses du Parti conservateur britannique, mais le projet d’expulsion d’immigrés n’avait jamais pu aboutir. Malgré l’accord signé entre l’UK et le Rwanda en 2022, le projet d’expulsion d’immigrés a enchaîné les revers juridiques – par exemple rejeté par la Cour suprême en novembre dernier. Cette nouvelle approbation permettra donc la reprise du programme.

Une situation « win-win » :

  • Côté britannique : selon R. Sunak, le plan « fera littéralement économiser des milliards à long terme » au gouvernement, qui dépenserait plus de 3 milliards de livres par an dans son système d’asile – lié au coût de l’hébergement des migrants en attente d’une décision dans des hôtels.

  • Côté rwandais : Le pays a déjà touché ≈ 500 millions de livres sterling de Londres dans le cadre de l’accord avec le Royaume-Uni. À cette facture s’ajoutent notamment « 20 000 livres sterling par personne » et « 120 millions de livres sterling une fois les 300 premières personnes relocalisées ».


Problème : Considéré par beaucoup comme une violation des droits de l’homme, le projet est aussi critiqué pour son inefficacité et son prix élevé. Selon D. Casciani de la BBC, 52 000 personnes seraient concernées par le plan, ce qui coûterait donc ≈ 7,8 milliards de livres. Le Royaume-Uni serait tout simplement le plus grand contributeur à l’économie rwandaise.

  • Une évaluation de l’impact économique de la loi estime que l’expulsion d’un individu au Rwanda coûterait 63 000 £ de plus que s’il restait au UK.

  • Concrètement, le plan repose sur la dissuasion : le gouvernement doit renvoyer près de 100 % des demandeurs d’asile pour dissuader suffisamment de migrants.


Quelle alternative ? Le Royaume Uni interdit actuellement l’emploi des demandeurs d’asile, empêchant 94% d’entre eux de travailler. L’organisation estime qu’en levant cette interdiction, le pays pourrait toucher environ 211,3 millions de livres par an.

Bref. R. Sunak marche sur un fil avec ce plan qui mise tout sur l’effet de dissuasion. De leur côté, l’ONU a appellé le gouvernement britannique à « reconsidérer son plan », et Amnesty International déplore cette décision qui “viole les Droits de l’homme” et craint un ‘défoulement’ des immigrés. En attendant, R. Sunak prévoit un premier convoi « D’ici dix à douze semaines ».