Le prix du pétrole pourrait exploser à cause des tensions entre Israël et l’Iran
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Israël s’apprête à frapper le territoire iranien pour éteindre la République islamique. Hier, J. Biden a déclaré être « en discussions » avec Israël au sujet d’éventuelles frappes contre les installations pétrolières iraniennes
Pourquoi on en parle ? L’Iran, c’est la troisième réserve de pétrole mondiale avec une production de 4 millions de barils par jour, soit 2 % de l’offre mondiale, et détient la deuxième réserve mondiale de gaz. En cas d’attaque de ces infrastructures, on pourrait potentiellement voir l’inflation repartir comme en 40…
Flashback : Mardi, l’Iran a lancé plus de deux cents missiles sur Israël. Malgré le dôme de fer et les systèmes Patriot, le dôme a été transpercé, et B. Netanyahu (Premier ministre israélien) a promis des mesures de rétorsion.
- Résultat : La situation est tendue, tout autant que le prix du pétrole. Depuis le 1er octobre, le Brent (produit financier qui suit le pétrole) a augmenté de près de 4 %. En plus des potentiels bombardements, les investisseurs redoutent aussi de nouvelles sanctions américaines sur les exportations iraniennes.
- Selon J-C Caffet, chef économiste de Coface, un embrasement au Moyen-Orient est un risque extrême : les perspectives de croissance de la France pourraient se prendre un plaquage au sol, et le prix du litre d’essence à la pompe pourrait dépasser les 2 euros.
Un peu de recul : Malgré ces tensions, les prix du pétrole restent relativement stables. Il y a deux décennies, une telle crise aurait fait grimper le prix du pétrole à plus de 100 dollars mais les investisseurs restent chill pour plusieurs raisons :
- Avec la révolution du schiste, les Américains sont devenus le premier producteur au monde créant une situation de surabondance de pétrole
- L’effet “Pierre et le loup”. Concrètement, on leur répète depuis des années que le conflit va s’étendre à toute la région, mais il n’y a jamais rien.
- L’Arabie Saoudite et sept autres pays de l’OPEP (organisation des principaux pays exportateurs de pétrole) vont augmenter leur production de pétrole dès décembre. (Plus d’offre => prix qui baisse pour une demande constante)
- L’Iran n’exporte que la moitié de sa production dont une grande partie vers la Chine. Un arrêt de la production iranienne serait d’abord problématique pour l’Iran puis pour la Chine.
- J. Plassard, analyste chez Mirabaud, estime que J. Biden ne laissera pas les prix du pétrole s’envoler à un mois de l’élection présidentielle.
Problème : Le calme pourrait vite changer si le conflit s’aggrave. La réaction d’Israël aux frappes iraniennes sera cruciale, en particulier si des installations pétrolières iraniennes sont ciblées ou si le détroit d’Ormuz est touché : 20 % du pétrole mondial y transite et 20 % du gaz liquéfié, dont dépend l’UE, y passe aussi. S’il venait à être fermé, ClearView Energy anticipe une hausse de 28 $ supplémentaire sur le baril.
Bref. Aucune puissance n’a intérêt à un embrasement dans la région sauf… la Russie puisque une hausse du prix du pétrole pourrait lui permettre de financer plus facilement sa guerre contre l’Ukraine. Rappelons que le contexte des chocs pétroliers des années 70 n’est plus vraiment d’actu. Les pays arabes ne sont plus unis contre Israël comme l’a montré le rapprochement avec le royaume avant la guerre au Moyen Orient. Et l’Arabie Saoudite reste le deuxième producteur mondial de pétrole, de quoi se rassurer .