Le NFP remporte les élections législatives

La semaine dernière, le CAC 40 a rattrapé le temps perdu avec une hausse de 2,62% et surtout, l’écart de taux d’emprunt avec l’Allemagne s’est aussi détendu à 68 points de base contre 85 points au plus haut (et 49 avant la dissolution).
Pourquoi ? Les sondages écartaient le pire scénario possible : celui d’une majorité absolue du NFP, et l’hypothèse d’une Assemblée nationale sans majorité absolue pour le RN était le scénario privilégié par les investisseurs.
- Rappel : Le NFP inquiétait les investisseurs avec son programme économique qui était le plus coûteux des partis favoris dans les sondages.
Dans les faits : Cette surprise ajoute une bonne dose d’incertitude qui risque d’envoyer les marchés dans le rouge ce lundi… Mais malgré tout, l’absence de majorité absolue va limiter la mise en place de mesures coûteuses pour l’État et donc maintenir la confiance des investisseurs sur sa capacité à rembourser.
- À noter : Les titres de dette émis par la France pour un montant de 10,5 milliards d’euros la semaine dernière sont partis comme des petits pains, ce qui montre que la France ne perd pas de son sex appeal.
Et maintenant ? E. Macron devra nommer un nouveau premier ministre et trois options s’offrent à lui selon le constitutionnaliste D. Rousseau :
- Faire jouer les prolongations à G. Attal, qui a remis sa démission ce matin, pour assurer la gestion des affaires courantes au moins pendant les JO.
- Le choix d’un gouvernement “technique” qui ne serait pas composé d’élus, mais d’experts dans différents domaines. En clair, le gouverneur de la Banque de France pourrait par exemple s’occuper de l’économie.
- Créer un gouvernement de coalition qui regroupe plusieurs partis pour obtenir une majorité absolue, et éviter la configuration du “gouvernement ingouvernable”. Ce sera d’ailleurs le sujet de la semaine entre le NFP qui veut appliquer son programme avec une majorité relative, et Ensemble qui tentera sans doute d’aller chercher un ft. avec Les Républicains.
Quelles perspectives ? Malgré la surprise, l’enjeu reste le vote du projet loi de finance et du budget pour 2025. Mais sans majorité et avec seulement deux mois pour boucler le budget, ça ne sent pas bon… En cas de report, la constitution protège d’un éventuel “shutdown” comme ça pourrait être le cas aux États-Unis.
- À noter : La France est sous surveillance de l’UE pour “déficit excessif”, ce qui l’oblige à proposer un plan de rétablissement des finances sur quatre ans.
Alors à quoi s’attendre sur les marchés ? Ça s’annonce tendu aujourd’hui. Comme on le disait plus haut, le programme du NFP est le plus coûteux, et plus que tout, les investisseurs détestent les surprises.
Bref. Les marchés vont sans doute ramer pendant quelques jours, mais le gros enjeu reste le vote du budget : s’il est reporté, on pourrait voir l’envolée du taux d’emprunt de la France et une baisse encore plus violente des actions. Quoi qu’il en soit, l’Assemblée nationale ne pourra en aucun cas être dissoute avant le 9 juin 2025 et selon C. Dembik, stratégiste chez Pictet AM, il vaut mieux ne pas “surinterpréter” le risque politique sur les marchés.