Le gouvernement dévoile un plan à 60 milliards d’euros pour corriger le déficit

Michel Barnier / X
Publié le
2/10/2024

Le gouvernement veut passer de 6 % de déficit à 5 % dès l’an prochain. Initialement, il visait 25 milliards d’économies, mais pour les 5 %, il en faudra plutôt 60 milliards.

Rappel : Le déficit s’aggrave à cause de trois imprévus : l’inflation a freiné la consommation (un petit problème quand les ménages représentent plus de 50 % du PIB) + la croissance est surtout tirée par le commerce extérieur, moins taxé que la consommation intérieure + le plein emploi n’est pas au rendez-vous.

Résultat : M. Barnier a annoncé 40 milliards de coupes dans les dépenses et 20 milliards de hausses d’impôts. En clair, on a 2/3 d’économies, 1/3 de hausse d’impôts. Dans les grandes lignes :

Côté dépenses : Le gouvernement vise 1 700 milliards d’euros en 2025, réduisant le ratio des dépenses publiques / PIB de 0,6 point, à 56,3 %. Comment ?

  • Gel des crédits ministériels et réductions d’effectifs (≈ 5 milliards de dépenses en moins qui s’ajoutent aux 15 prévus par le plan de Gabriel Attal)
  • Baisse des dépenses de santé (13 milliards)Économies pour les collectivités locales, via une réduction de la masse salariale de 5 % et la suppression de 100 000 postes (13 milliards)
  • Reporter la revalorisation des retraites de 2,1 % (prévue en janvier) à juillet 2025, soit l’une des mesures les plus sensibles (3 milliards)

Côté recettes : Selon la Cour des comptes, 1 560 milliards d’euros de recettes sont attendus, dont 20 milliards provenant de nouvelles taxes. Comment ?

  • Contribution exceptionnelle des particuliers les plus fortunés (inconnu).
  • Taxe sur les rachats d’actions (300 millions estimés).
  • Taxe sur les « superprofits » des énergéticiens (≈ 2 milliards).
  • Contribution exceptionnelle sur les bénéfices de grandes entreprises (≈ 8 milliards).
  • Taxe sur les billets d’avion (≈ 1 milliard)

Un peu de recul : La dernière taxe sur les superprofits a rapporté environ 40 fois moins que prévu, soit 70 millions contre 3 milliards d’euros anticipés… Et entre ces ajustements fiscaux et les économies imposées aux différentes parties de la société, le gouvernement risque de braquer des pans entiers de l’opinion publique, notamment les syndicats et les ménages les plus modestes.

Bref. Malgré les cures d’amincissement, la dette va passer de 113% à 115 % l’an prochain et il faudra attendre 2029 pour un retour du déficit sous les 3%… en théorie. Le bal des agences de notation (qui notent la capacité d’un État/entreprise à rembourser sa dette) débutent mi-octobre : Fitch le 11, Moody’s le 25 et S&P le 29 novembre. Rappelons que pour la première de l’histoire, la France emprunte plus cher que la Grèce.