Le gouvernement de Michel Barnier renversé après l’adoption de la motion de censure
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Comme prévu, la motion de censure a été adoptée. Une première depuis 1962. Le gouvernement Barnier est donc contraint de démissionner, ce qui en fait le mandat le plus court de la Ve République.
Et maintenant ? Question street cred’, E. Macron veut nommer un Premier ministre dans les 24h… histoire de montrer à Trump ce week-end qu’il a un gouvernement. Il s’exprimera d’ailleurs ce soir à 20h, et pourrait nommer un nouveau Premier ministre ou renommer Barnier (comme Pompidou en 1962).
Trois scénarios :
- Le budget pourrait être adopté par ordonnance à partir du 21 décembre
- E. Macron, à la coréenne, pourrait prendre des pouvoirs exceptionnels grâce à l’Article 16 de la Constitution (impossible).
- Voter une loi spéciale qui permettrait de lever les impôts et des crédits à hauteur du budget 2024. Le RN et le NFP ont déjà annoncé qu’ils soutiendraient ce texte pour éviter une crise financière (le plus probable).
Problème ? Avec ce budget réutilisé, la France devrait glisser à 5,3 % de déficit en 2025 (contre 5 % attendu)… et la dette pourrait dépasser 120 % du PIB d’ici 2027 (contre 112 % actuellement).
Conséquence : Les actions des entreprises liées à l’économie française pourraient souffrir – banques et assurances, concessionnaires (Vinci), mais aussi les entreprises dont les revenus sont générés en France (Carrefour).
Qui va payer ? En appliquant le barème fiscal 2024 sur les revenus de 2025, 17,6 millions de foyers verront leurs impôts augmenter. Parmi eux, 380 000 ménages, qui ne font pas partie des 30 % les + pauvres ou des 20 % les + riches, seront désormais imposés en raison de l’inflation, même s’ils ne l’étaient pas avant.
Un peu de recul. Oui, la motion de censure risque de plonger la France dans la tempête, mais selon Bloomberg Economics, la France a de solides institutions, une économie résiliente et le soutien de l’UE. Rien à voir avec la crise grecque en 2011.
- Ironie du sort : Le maintien du budget 2024 pourrait limiter les effets récessifs du budget Barnier, ce qui pourrait soutenir la croissance, selon C.H. Colombier de Rexecode, donc un certain niveau de recettes fiscales.
Bref. Chez les proches d’E. Macron, personne ne pense qu’il va renommer Barnier Premier ministre. « Non seulement il a perdu, mais il est affaibli », explique un cadre parlementaire. Plusieurs noms circulent pour la succession : Bayrou, Lecornu, Bertrand, Cazeneuve, mais rien d’officiel.