Le gouvernement de Michel Barnier a présenté son projet de loi de finances 2025
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Le gouvernement de M. Barnier a présenté son projet de loi de finances 2025 avec, sans doute, des gouttes de sueur sur le front.
Rappel : Le déficit de la France a bondi à 6,1 % et pourrait atteindre 7 % en 2025. M. Barnier doit le ramener à 5 %, tout en gérant une dette de 115 % du PIB. Et cerise sur le gâteau, l’agence de notation Fitch, qui avait déjà déclassé la note de la France l’an dernier, ouvre le bal des agences de notation aujourd’hui.
Pourquoi on en parle ? La prime de risque de la dette française, comparée à celle de l’Allemagne, oscille entre 70 et 80 points de base, plus élevée que celle de l’Espagne, du Portugal ou de l’Irlande et bientôt de la Grèce. Si l’Hexagone ne rassure pas les marchés, il risque de perdre son statut privilégié auprès des investisseurs.
Problème : La France ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue, priant les marchés de lui prêter quelques 285 milliards pour l’année – un nouveau record…
Solutions : 60 milliards d’économies prévus dont 40 de baisse de dépenses et 20 de hausse d’impôts, et ces efforts vont en partie peser sur six secteurs :
- Aérien : +1 milliard en triplant la taxe de solidarité (TSBA).
- Énergie : +3 milliards via une taxe sur l’électricité.
- Fret maritime : +500 millions de contribution exceptionnelle.
- Assurances : +1,2 milliard, via une hausse des mutuelles et la revalorisation des consultations médicales.
- Automobile : +2,2 milliards en renforçant le malus écologique.
- Pharmacie : +1 milliard en réduisant les dépenses pour les médicaments.
Un peu de recul : Cette austérité pourrait freiner la croissance et selon A. Kenningham (Capital Economics), la prévision de croissance de 1,1 % pour 2025 est donc optimiste. Et moins de croissance signifie moins de recettes, ce qui aggrave encore le déficit. Tu vois l’genre de cercle vicieux ?
Plus encore : Si le projet de loi n’est pas assez crédible ou si M. Barnier est censuré par une motion, les marchés pourraient augmenter la prime de risque de la France, ce qui commencerait à ressembler à une crise de la dette…
Et maintenant ? Le Parlement a 70 jours pour en débattre et l’adopter avant le 31 décembre. Les discussions commenceront le 21 octobre, avec un vote solennel prévu le 19 novembre à l’Assemblée nationale.
Bref. « Nous n’avons plus le choix » a déclaré A. Armand, ministre de l’économie, lors de la présentation. Désormais, la crédibilité de la France est en jeu et dépend du soutien de l’extrême droite. RBC BlueBay Asset Management a parié sur le fait que Mme Le Pen ne soutiendra aucune motion de censure dans les mois à venir puisque les mesures d’austérité actuelles renforcent sa popularité et son image de contre-pouvoir en vue de la présidentielle de 2027.