Le fonds souverain de l’Arabie saoudite envisage d’accélérer les ventes d’obligations

Publié le
15/3/2024

Le fonds souverain de l’Arabie saoudite envisage d’accélérer les ventes d’obligations, voire d’obtenir des prêts pour financer le projet “Vision 2030”.

Pourquoi on en parle ? Le PIF (fonds souverain de l’Arabie Saoudite), qui semblait intouchable jusqu’ici, semble vaciller pour la première fois de l’histoire.

Contexte : « Vision 2030 », c’est le petit nom donné au gigantesque plan de diversification économique de l’Arabie Saoudite à base de « mégaprojets » qui vise à faire sortir le pays de sa rente pétrolière.

  • Rappel : En 2022, 80 % de ses revenus d’exportation proviennent du pétrole et plus de 40 % de son PIB dépend des exportations de pétrole, ce qui en fait le troisième pays le plus dépendant à l’or noir du monde.

Dans les faits : Le coût du projet est estimé à 1000 milliards de dollars, soit environ deux fois le PIB annuel de la Belgique. Dans le cadre de ce plan, le prince héritier MBS veut notamment construire des villes futuristes dont NEOM, une “mega-city qui vise à devenir la ville la plus technologique et innovante du monde”.

  • Pour financer ce projet, l’Arabie Saoudite compte bien évidemment sur le sang de sa veine : le pétrole.

Problèmes :

  • Le prince héritier MBS veut utiliser les revenus du pétrole pour réduire sa dépendance à l’or noir, mais avec un baril de brut à ≈ 80$, les pétrodollars ne suffisent plus.


  • Les rendements des investissements étrangers sont très loin du compte à 33 milliards de dollars par an contre un objectif de 100 milliards.

Résultat : Le niveau de cash disponible du PIF n’a jamais été aussi faible depuis 2020. Le Royaume prévoit un déficit chaque année jusqu’en 2026, et a même été contraint de reconnaître que certains projets pourraient être retardés au-delà de 2030.

Un peu de recul : Voir l’Arabie Saoudite, qui abrite 16,2% des réserves mondiales de pétrole, en PLS… c’est presque du jamais-vu. Le Royaume est donc obligé de déroger à l’une de ses règles : début janvier, le gouvernement a surpris les investisseurs avec une offre d’obligations (titres de dettes) de 12 milliards de dollars. Il envisage aussi la vente d’actions (8% de la totalité des actions émises par le géant pétrolier Aramco, soit ≈ 164 milliards).

Bref. Rassurez-vous : l’effondrement financier du Royaume est loin d’être imminent selon les économistes. Son ratio dette/PIB est deux fois moins élevé que celui de l’Allemagne et l’Arabie saoudite possède environ 400 milliards de réserve en monnaies étrangères dans ses caisses. La question maintenant est de savoir si la stratégie d’émission de dette est soutenable pour l’économie saoudienne…