Le Digital Market Act (DMA) entre en vigueur et change les règles du jeu

Apple a déployé sa mise à jour IOS 17.4, décrite comme historique.
- Avec cette MàJ, Apple se plie en partie à l’UE en se conformant au Digital Market Act (DMA), entré en vigueur hier, et qui pourrait potentiellement bouleverser nos habitudes.
Flashback : Voté en juillet 2022, le DMA vise à lutter contre les pratiques anticoncurrentielles (“gatekeeping”) des géants de la tech, à favoriser la concurrence et l’ouverture du marché européen. Les six entreprises concernées – Alphabet, Amazon, Apple, ByteDance, Meta et Microsoft – devront se soumettre à un ensemble de 22 services spécifiques et publier des rapports de conformité aujourd’hui.
Dans les faits : C’est une nouvelle ère qui s’ouvre pour l’environnement numérique européen, et les géants ont adopté des stratégies différentes pour s’y plier.
- Alphabet va donner le choix aux utilisateurs d’utiliser les navigateurs et moteurs de recherche qu’ils veulent parmi une liste proposée, et promet plus de transparence dans le partage de données. En clair, Google ne sera plus le moteur de recherche par défaut.
- Apple va autoriser les magasins d’applications alternatifs sur iOS et ouvrir ses systèmes NFC (Apple pay) pour les services de paiement concurrents.
- Meta introduira la messagerie inter-plateformes pour WhatsApp et Messenger
- Amazon s’est engagé à donner plus de contrôle aux utilisateurs et aux annonceurs concernant les publicités personnalisées.
- Microsoft a adapté Windows pour permettre la désinstallation de Bing et Edge et offrir plus de choix aux utilisateurs européens.
- ByteDance (maison mère de TikTok) travaille sur l’amélioration de la portabilité des données pour les utilisateurs européens de TikTok.
Un peu de recul : L’UE, armée d’une équipe de 85 personnes dédiées, est prête à réprimander les « gatekeepers » et peut, sous le DMA, infliger des amendes allant jusqu’à 10% du chiffre d’affaires de l’entreprise. Mais peut-elle vraiment faire face ?
- Les Gafam aiment jouer la montre pour contourner les règles, et des sociétés censées bénéficier du DMA s’en inquiètent. Leur mode opératoire consiste à expliquer, dignes d’un ex pervers narcissique, que les entreprises ne seraient rien sans eux : “Si Spotify ou Epic Games ont des centaines de millions d’utilisateurs, c’est grâce à bibi”.
Bref. Plus que tout, ce sont les consommateurs qui auront le dernier mot : ont-ils envie de désinstaller leurs applis préférées au nom du droit de la concurrence ? Quoi qu’il en soit, c’est un tournant historique pour la tech et l’UE, mais le chemin vers une application effective et une réelle transformation du marché semble encore compliqué.